Complot pour une « Pax americana »

Publié le 15 septembre 2003 Lecture : 2 minutes.

« La guerre mondiale contre le terrorisme a toutes les allures d’un mythe politique mis en avant pour atteindre un objectif entièrement différent : l’instauration d’une hégémonie des États-Unis sur le monde, notamment par le contrôle physique des sources du pétrole… » C’est la conclusion d’une « analyse » de 2 387 mots publiée dans le prestigieux quotidien britannique The Guardian par le député Michael Meacher, qui fut le ministre de l’Environnement de Tony Blair de mai 1997 à juin 2003, date à laquelle il démissionna pour cause de désaccord sur la guerre en Irak.
À l’origine de ce complot pour une Pax americana, que Meacher n’hésite pas à comparer à l’utilisation par le président Franklin Roosevelt du bombardement de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, pour entraîner les États-Unis dans la guerre, un document rédigé en septembre 2000 par un think-tank néoconservateur, le Project for the New American Century (PNAC), à l’intention de Dick Cheney, futur vice-président, de Donald Rumsfeld, futur secrétaire à la Défense, de Paul Wolfowitz, adjoint de ce dernier, de Jeb Bush, frère du président, et de Lewis Libby, chef de cabinet de Cheney. On peut y lire : « Si le conflit non réglé avec l’Irak apporte la justification immédiate, le besoin d’une importante présence militaire dans le Golfe dépasse le problème du régime de Saddam Hussein. »
Ce document recommande également une domination américaine dans l’espace et « le contrôle total du cyberespace ». Un an avant le 11 septembre, il dénonce les « dangereux régimes » de la Corée du Nord, de la Syrie et de l’Iran, dont l’existence justifie la création d’un « système mondial de contrôle et de commandement ».

Pour Meacher, ce programme « explique beaucoup mieux que la thèse de la guerre mondiale contre le terrorisme ce qui s’est passé avant, pendant et après le 11 septembre ».
Pour lui, il est clair que les autorités américaines connaissaient les risques d’attentats, y compris avec des avions chargés d’explosifs, mais qu’elles n’ont rien fait pour les éviter. Le 11 septembre a été le prétexte idéal, « l’événement catastrophique et catalyseur, comme un nouveau Pearl Harbor », pour mettre en application le programme du PNAC. Les plans d’action militaire contre l’Irak et contre l’Afghanistan étaient prêts depuis longtemps.
Pourquoi cet « écran de fumée politique » ? « De toute évidence », parce que les États-Unis et la Grande-Bretagne s’inquiètent pour leurs sources d’approvisionnement en pétrole et en gaz. « Vers 2010, note Meacher, le monde musulman contrôlera 60 % de la production mondiale du pétrole et – encore plus important – 95 % de la capacité d’exportation mondiale. » Or l’offre diminue alors que la demande augmente.
Meacher, en tant que responsable politique britannique, demande donc un « changement de politique radical » de la Grande-Bretagne, que le rapport du PNAC tient pour « un de ces fidèles alliés qui sont le moyen le plus efficace de faire respecter le leadership mondial de l’Amérique ».

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