Réélu à l’unanimité : le boulevard d’Akinwumi Adesina pour son second mandat à la BAD
Sorti blanchi des accusations de mauvaise gouvernance portées contre lui, le Nigérian Akinwumi Adesina a été réélu pour un second mandat aux commandes de l’institution panafricaine.
À la fin, sans surprise, c’est Akinwumi Adesina qui gagne. Le président sortant de la Banque africaine de développement (BAD), seul candidat à sa réélection, a été reconduit à son poste, ce 27 août, lors des assemblées annuelles – virtuelles pour cause de pandémie de coronavirus – de l’institution.
Contrairement à ce qu’auraient souhaité ses plus fervents partisans au sein des actionnaires africains de la banque (majoritaires à hauteur de 60 %), le Nigérian n’a pas été réélu par acclamation comme cela avait été le cas pour ses deux prédécesseurs, le Rwandais Donald Kaberuka et le Marocain Omar Kabbaj.
Il l’a été à l’issue d’un vote – comme décidé en février par le comité en charge de l’élection -, ne décrochant pas seulement la double majorité requise, auprès des actionnaires africains et de l’ensemble des actionnaires, mais une unanimité totale, avec 100 % des voix africaines et 100 % du total des voix.
« Cette élection est historique, c’est la première fois qu’un président est élu avec 100 % des voix », a souligné Akinwumi Adesina lors de la cérémonie de clôture des assemblées annuelles, remerciant les gouverneurs de la banque « d’avoir choisi la continuité » et « de renforcer l’institution ». « La BAD aura besoin de chacun d’entre vous », a-t-il ajouté.
Unité continentale
L’unité continentale derrière Adesina, dont la candidature avait reçu le soutien de l’Union africaine, a joué à plein. La veille de l’élection, lors de la cérémonie d’ouverture des assemblées annuelles, le président ivoirien, Alassane Ouattara, avait rappelé son soutien au candidat nigérian, affirmant « souhaiter » sa réélection.
En poste depuis mai 2015, Akiwumi Adesina rempile donc pour un mandat de cinq ans afin de continuer à mettre en œuvre les cinq priorités qu’il a assignées à l’institution, les « high 5 », à savoir : nourrir, électrifier, industrialiser, intégrer le continent et améliorer la qualité de vie de ses habitants.
Même si elle était attendue, cette reconduction est une victoire pour l’ancien ministre de l’Agriculture nigérian, fragilisé depuis le début de l’année par des accusations de mauvaise gouvernance – dont il a toutefois été blanchi.
« Nous guérirons »
Rendues publiques par un groupe de lanceurs d’alerte (anonymes) de la banque et visant expressément son patron, ces accusations ont provoqué une crise au sein de l’institution et un feuilleton à rebondissements avec l’examen de la plainte par le comité de l’éthique de la banque puis – notamment sous la pression des États-unis – par une « revue indépendante » présidée par l’ancienne présidente d’Irlande, Mary Robinson. Les deux procédures ont exonéré le patron de la BAD.
« Nous guérirons », avait déclaré, la veille de l’élection, Akinwumi Adesina, dans son message aux gouverneurs de la banque, un appel à maintenir une « BAD forte » et à le reconduire à son poste pour continuer sa mission.
>>> À lire, notre dossier : Six mois qui ont ébranlé la BAD
Le « travail en toute indépendance » de la « revue » menée par Mary Robinson « disculpe le président Adesina contre lesdites allégations, mais surtout renforce la crédibilité des organes de l’institution », avait affirmé le même jour l’Ivoirienne Nialé Kaba, présidente du bureau du conseil des gouverneurs de la BAD.
Malgré tout, l’institution a annoncé la mise en place d’un comité ad hoc du conseil des gouverneurs pour revoir « le cadre de gouvernance de la banque en matière d’éthique et de traitement des plaintes ». Il doit notamment examiner et mettre à jour la politique de dénonciation, le code de conduite des dirigeants élus et le mandat du comité d’éthique. Un gage donné durant ces assemblées annuelles aux derniers actionnaires (tous non régionaux) qui souhaitaient encore obtenir des garanties en matière de bonne gouvernance.
Le résultat unanime du scrutin semble donc clore l’affaire Adesina et la période de turbulences associée. L’institution aura cependant d’importants défis à relever durant les cinq prochaines années, à commencer par l’appui aux pays pour faire face à la pandémie de Covid-19, la réalisation de l’augmentation de capital historique approuvée en octobre 2019 et l’apaisement des relations avec les actionnaires étrangers.
Les prochaines assemblées annuelles de la BAD auront lieu du 24 au 28 mai 2021 à Accra, le ministre ghanéen des Finances, Kenneth Ofori-Atta, prenant la suite de Nialé Kaba comme président du bureau du conseil des gouverneurs de l’institution.
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