Après Koïzumi, Koïzumi ?

Publié le 15 septembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Kunichiro Koïzumi, le Premier ministre japonais, semble bien parti pour se succéder à lui-même à la tête du Parti libéral démocrate (PLD). L’élection du président de la formation qui domine la vie politique de l’archipel depuis 1955 se déroulera en deux phases d’ici au 19 septembre, avec d’abord le vote des militants, puis, le 19, celui des parlementaires. Trois candidats se sont déclarés contre le chef du gouvernement : Masahiko Komura, ancien ministre des Affaires étrangères ; Takao Fuji, ancien ministre des Transports ; et Shizuka Kamei, ancien président du comité politique. Tous se disent opposés à une dissolution anticipée de la Diète (les législatives sont prévues pour le printemps 2004, mais le Premier ministre est maître du calendrier) et à l’envoi de troupes en Irak, et favorables à une politique de relance budgétaire. Aucun, cependant, ne semble faire le poids face à un Koïzumi donné largement gagnant par les sondages. D’après Mainichi Shimbun, le troisième quotidien du pays, 57 % des Japonais approuvent son action et 70 % souhaitent sa réélection à la tête du PLD. En réussissant à diviser la plus influente des factions parlementaires du PLD, celle de l’ancien Premier ministre Ruytaro Hashimoto, qui n’a pas émis de consigne de vote, Koïzumi a assuré ses arrières.

En butte à l’hostilité des hiérarques conservateurs, le chef du gouvernement a fait voler en éclats un système de factions paralysant, et pour lui et pour le pays. C’est là son principal mérite aux yeux de l’opinion. Imposé à la présidence d’un parti en crise en avril 2001 grâce aux militants, Koïzumi a bénéficié pendant un an d’une cote de popularité frisant les 80 %. Son style atypique et flamboyant a donné un coup de jeune à une vie politique nipponne sclérosée. Doué pour la communication, Koïzumi a su, par des gestes bien sentis à l’adresse des différentes composantes d’un électorat très hétéroclite, rebondir chaque fois qu’il se trouvait en difficulté dans les sondages. En visitant le sanctuaire de Yasukini, où sont enterrés des miliaires, mais aussi des criminels de guerre morts pendant ou après la Seconde Guerre mondiale, il s’est attiré les sympathies des « patriotes ». En allant rencontrer Kim Jong-il à Pyongyang, (c’était avant la crise née de la relance du programme nucléaire nord-coréen), il a rassuré les pacifistes.

la suite après cette publicité

Enfin, en gardant le cap sur les dossiers sensibles de la privatisation des autoroutes et de la poste, il a satisfait les milieux d’affaires. Très attendu sur le terrain des réformes économiques, il n’a pas complètement tenu ses promesses. Sa popularité s’est tassée. Mais, faute de solutions de rechange, les Japonais continuent de lui faire confiance. En plus, Koïzumi a de la chance : l’archipel, après une décennie noire, vient enfin de sortir de la déflation. L’acquis de croissance, calculé sur les deux premiers trimestres de 2003, se monte déjà à 2,4 %. L’activité est repartie. Et Koïzumi devrait donc logiquement prolonger son bail à la tête du PLD et conserver son poste aux prochaines élections.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires