Vos lettres ou courriels sélectionnés

Publié le 23 août 2005 Lecture : 6 minutes.

Gleneagles en questions
À mon avis, tant que l’alternance au pouvoir posera problème, tant que le budget alloué à l’achat des armes dépassera celui réservé à l’eau potable et à l’éducation, tant que la corruption battra son plein, tant que les armes parleront en lieu et place des hommes, l’Afrique restera pauvre, malgré les richesses que renferme son sous-sol. Le G8 va enrichir encore plus nos dirigeants milliardaires, en croyant aider les démunis. LASBATH, BLAISE BADA,
LOMÉ, TOGO

Ni le Nigeria ni l’Inde
À mon avis, les critères énoncés dans le « Postscriptum » de Fouad Laroui (voir J.A.I. n° 2324) pour le choix des nouveaux membres du futur Conseil de sécurité ne sont pas logiques. Ce sont les pays dont les territoires sont désertiques qui sont les plus riches en pétrole, voire en ressources touristiques. Si l’on suit le raisonnement concernant le
Nigeria, il faut écarter l’Inde de la liste et la Chine doit démissionner et lorsque l’on prend en compte le paramètre « bonne gouvernance ». Mais devant l’impossible candidature marocaine, l’auteur du billet fait appel à son humour bien connu. Cela dit, ce ne sont ni le Conseil actuel ni le Conseil réformé qui régleront équitablement les problèmes
de notre planète.
Loko Claude Diangoma
Brazzaville, Congo

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Le Sénégal nous déçoit!
Suite à l’article sur « l’affaire » Idrissa Seck (voir J.A.I. n° 2324), j’avoue ma déception. Certes, les analyses y sont pertinentes et la construction intellectuelle est
indéniable, mais pourquoi se voiler la face ? Soyons sérieux. En faisant incarcérer
son ex-Premier ministre, Wade a porté un coup sérieux à la démocratie et à l’État de droit. Le Sénégal voudrait-il nous donner un mauvais exemple de dérive vers la dictature ?
Bob Kuevidjen
Cachan, France

Musulmane et islamiste
Après la lecture du « Postscriptum » du n° 2323, je voudrais vous dire la chose suivante. Je suis musulmane et islamiste, dans le sens où j’essaie d’appliquer les préceptes de l’islam sur moi-même d’abord, puis au sein de ma propre famille, de les transmettre à mes
enfants , de les faire connaître à mes proches, à mes amis et aux étrangers, non pas par la force mais par la bonne parole, la conviction, ma conduite qui doit être exemplaire
et le prêche. Donc, tout musulman islamiste n’est pas, comme le veut la définition
occidentale contemporaine, un terroriste en puissance. Loin de là. Ben Laden et ses sbires sont des musulmans qui n’ont cure de la propagation des préceptes de l’islam. Ce sont des activistes-terroristes, qui pensent agir pour la Oumma (la communauté musulmane dans son ensemble) en se vengeant sur un Occident qui n’arrête pas d’exploiter et
d’humilier les Arabes. Comment? Par la colonisation de ce qui reste de la Palestine par un Israël qui se moque des décisions de l’ONU et dont les crimes envers la Palestine restent impunis, du massacre de Deir Yassein à ceux de Sabra, Chatila et Jénine. Par la colonisation de l’Irak sur la base de rapports mensongers. Par la colonisation de l’Esplanade des mosquées, troisième Lieu saint de l’islam, et j’en passe. Bush, Blair, Berlusconi disent qu’il n’y a aucun lien entre les attentats dont sont victimes les villes et les citoyens occidentaux et ce qui se passe en Palestine, en Irak et en Afghanistan. Ils sont aveuglés par leur conviction, leur orgueil et leur arrogance. La relation est évidente : le terrorisme d’État pratiqué par les Occidentaux nourrit le terrorisme revanchard de Ben Laden.
N. Kacem
Thelepte, Tunisie

Tony Blair et l’Afrique
Les Africains ne doivent pas se leurrer: la promesse d’aide de Tony Blair (voir J.A.I. n° 2307 du 27 mars) est un trompe-l’oeil. Tout montre que le fameux plan Marshall qu’ils attendent depuis les indépendances ne viendra pas. Si les pays occidentaux veulent vraiment aider l’Afrique à sortir de la pauvreté, ils ne doivent pas débloquer des
fonds, mais annuler définitivement la dette et investir massivement en Afrique subsaharienne. Ainsi lutteront-ils réellement contre la pauvreté, comme les Américains
l’ont fait en Asie, dans les nations émergentes (« les quatre dragons »), pour prévenir la contagion communiste. Ils doivent agir comme le Japon qui, pour effacer les injustices,
les destructions et les pertes humaines causées par son armée au cours de la Seconde Guerre mondiale et contribuer au redressement des économies sud-asiatiques, a répondu aux exigences de « réparations » et versé la « dette de sang » à ses anciennes victimes. Les Occidentaux peuvent s’acquitter d’une « dette coloniale » en guise de réparation pour les maux causés dans leurs anciennes possessions et pour le prix payé par les « tirailleurs sénégalais ». Ils doivent acheter les produits africains à leur juste prix, ne plus vendre
d’armes aux rebelles et aux régimes dictatoriaux, aveuglément soutenus parce que fournisseurs de matières premières à des prix dérisoires. Leur politique étrangère doit s’inscrire dans la voie démocratique et soutenir l’arrivée au pouvoir d’hommes compétents, capables de développer leur pays. Des solutions réalistes existent.
Dr Fweley Diangitukwa, politologue et écrivain
Vevey, Suisse

Hypocrisie occidentale
Les Européens et les Américains brillent par leur hypocrisie. Ils ont observé deux minutes de silence pour rendre hommage aux victimes des attentats de Londres (voir J.A.I.
n° 2322), alors qu’ils ont eux-mêmes déclaré une guerre illégale en Irak. Le gouvernement Blair a, de propos délibéré, mis en jeu les vies des sujets britanniques. On leur a fait croire que la guerre en Irak générerait davantage de sécurité dans le monde. Silvio Berlusconi a, lui, admis que l’Italie courait des risques à cause de son alliance avec
les États-Unis, Blair devait aussi en être conscient. Aujourd’hui, les dirigeants
occidentaux sont indignés par les événements de Londres, pourquoi pas par les atrocités commises ailleurs dans le monde? Ils doivent reconnaître leurs fautes. Ils sont eux-mêmes
la « cause structurelle » du terrorisme islamiste. S’ils n’avaient pas asservi et exploité
le monde musulman, encouragé le conflit du Moyen-Orient, chassé le taliban en Afghanistan et détrôné Saddam Hussein, on n’aurait pas eu tous ces corps disloqués. L’Irak est
devenu le Vietnam du XXIe siècle.
Willy P. Kabula
Rotterdam, Pays-Bas

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Mondialisation à hauts risques
En dehors du fait que l’Afrique a été faiblement représentée au sommet de Gleneagles (voir J.A.I. n° 2322) en juin dernier, on pourrait saluer, à première vue, la générosité des pays riches: annulation de la dette de 14 pays africains, doublement de l’aide au
continent, qui doit passer à 50 milliards en 2010, etc. Mais cette générosité n’est
que l’arbre qui cache la forêt. En effet, la mondialisation se traduit par une intégration des marchés à l’échelle planétaire et par une délocalisation des unités de production vers des zones où la main-d’oeuvre est bon marché et où les matières premières
sont abondantes. Dans ces conditions, l’Afrique constitue un marché potentiel, avec ses
900 millions d’âmes. Le marché asiatique devient concurrentiel et des mesures protectionnistes sont en train d’être mises en place par l’Europe et les États-Unis pour faire face au dumping social et économique qui menace ce monde industrialisé. Que les pays africains ne s’y trompent pas, ils sont mis sous perfusion pour tenir le coup. Ceux qui ne suivront pas resteront au bord de l’autoroute de la mondialisation. Le professeur Makhtar Diouf, de l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar au Sénégal, l’avait compris il y a plus d’un quart de siècle. Aussi a-t-il préconisé une intégration africaine des économies par la production, et non par les marchés, dangereuse et sans issue. L’aide représentera 0,56 % du PNB de quinze pays européens en 2010 et 0,7 % vers 2015 (voir J.A.I. n° 2323). Mais ne devrait-on pas commencer par instaurer la démocratie en Afrique pour faciliter le retour des capitaux qui dorment dans les banques occidentales, encourager aussi le retour des hommes et des femmes qui ont préféré fuir les régimes
autoritaires de leur pays. Il n’y a pas d’autre solution pour une politique africaine
de développement consciente, cohérente et finalisée.
Ali Samba
Belgique

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