Quoi de neuf ?

Publié le 22 août 2005 Lecture : 2 minutes.

Que dire de neuf sur le Burkina ? Il y a une dizaine d’années, on se demandait à quoi jouait ce pays pauvre, enclavé, aride, dont le peuple s’exilait volontiers pour chercher fortune dans les pays voisins. On le regardait avec une certaine indulgence. Les centaines d’ONG qui travaillaient à son développement louaient la vaillance de ses populations, leur honnêteté, leur ardeur à la tâche. On observait, incrédule, la construction de barrages pour l’irrigation, l’introduction de cultures vivrières innovantes. Et aussi, la construction de Ouaga 2000, la capacité à organiser avec succès et régularité deux grand-messes, l’une culturelle, le Fespaco, et l’autre artisanale, le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (Siao), des événements sportifs géants, des sommets internationaux immenses. Et l’on entendait, de-ci de-là : « Tiens, je rentre de Ouaga, c’est bien maintenant, j’ai dîné à tel endroit, j’ai vu machin en concert… »
Bref, en quelques années, le petit pays bien gentil n’a pas seulement travaillé pour l’amélioration du quotidien de ses paysans et de son parc à mobylettes. Les images d’Épinal et celle du puisatier mossi reproduit à l’emporte-pièce en statuettes de bronze ont vécu. Aujourd’hui, et justement parce que le développement utile passe d’abord par celui du peuple, des paysans et des campagnes, le Burkina Faso est une nation respectée par les autres, fréquentée par l’élite et par des touristes en nombre croissant. Et Ouagadougou est devenu une sorte de capitale africaine modèle. Avec ses larges avenues propres, un vrai plan d’urbanisme, des constructions modestes mais modernes, la ville sahélienne a réussi à conserver le charme authentique de ses maquis ombragés où l’on grignote le célèbre poulet-bicyclette, tout en collectionnant les adresses très jet-set internationale, avec caves à vins fins et foie gras poêlé, un hôtel 5 étoiles et des night-clubs aux salons privés avec fauteuils de cuir. Le pays est en paix, à la veille d’une échéance présidentielle qui s’annonce plutôt sereine.
Que dire, donc, de plus ? Peut-être que ce pays sage, à force d’abnégation, est aujourd’hui plus prospère et forcément plus convoité. Sur la terre dite des Hommes intègres, certaines fortunes se bâtissent plus vite qu’hier, certains quartiers sont, dit-on, le soir, moins sûrs qu’avant… Personne n’oserait prononcer des mots qui fâchent, comme corruption ou insécurité. Ces concepts ne collent pas à la mentalité locale et ne sont pas encore d’actualité. Pourtant la tentation est humaine… Et il ne faudrait pas que le Burkina récolte une vilaine rançon de la gloire. Ce serait bien dommage.

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