Polémique Kinshasa-Kigali : Vincent Karega, l’ambassadeur du Rwanda, s’explique
Il aura suffi d’un tweet, vite effacé, pour que l’ambassadeur du Rwanda en RDC, Vincent Karega, se retrouve au coeur d’une vive polémique. Pris à partie pour avoir récusé la responsabilité de son pays dans les massacres de Kasika en 1998, il se défend.
En poste depuis le début du mois de juillet, Vincent Karega n’est pas homme à s’abriter derrière le langage diplomatique. En français d’abord, puis en lingala, l’une des quatre langues nationales de ce Congo qui l’a vu naître, l’ambassadeur du Rwanda en RDC se défend.
Non, insiste-t-il, il n’a pas nié que des hommes et des femmes ont péri dans le massacre de Kasika, le 24 août 1998. Ce qu’il conteste, ce sont les accusations portées contre le Rwanda : « narratif simpliste », a réagi le diplomate et ancien ministre, dénonçant « une calomnie ».
Son message, posté le 24 août dernier, a néanmoins suscité un tollé et des voix se sont élevées, au sein de la classe politique et de la société civile congolaises, pour demander son expulsion. « Je serai le dernier Rwandais à saboter mon Congo natal », rétorque Vincent Karega, rappelant que c’est à Walikale, dans la province du Nord-Kivu, qu’il a vu le jour (il est officiellement devenu Rwandais en 1995). Pour s’expliquer, il a accepté de répondre aux questions de Jeune Afrique.
Jeune Afrique : La polémique dont vous faites l’objet est partie d’un tweet, que vous avez posté sur le massacre de Kasika, commis en 1998. Quelles réserves exprimiez-vous autour du rôle joué par l’armée rwandaise à l’époque ?
Vincent Karega : Je n’ai pas nié qu’il y ait eu massacre. Ce que j’ai dit, c’est qu’il fallait être précis dans les faits. Le tweet auquel je réagissais mentionnait six villages brûlés, disait qu’il y avait eu 1 100 morts et accusait l’armée rwandaise. Mais à l’époque, il y avait aussi les FARDC [les forces armées congolaises], le Burundi, l’Angola, l’Ouganda, les miliciens maï-maï… Alors pourquoi cibler le Rwanda ? Est-ce de la propagande ? De la rwandophobie ? Je représente mon pays ici et je ne pouvais pas laisser passer une telle accusation.
Pourquoi avoir ensuite effacé votre tweet ?
Parce que je voyais qu’il enflammait les esprits et que je ne voulais pas polémiquer. On a dit que je niais les massacres commis à l’époque, certains m’ont traité de négationniste, alors que je n’ai jamais dit que des gens n’étaient pas morts. Tout ce que j’ai dit, c’est que personne ne peut prouver que c’est l’armée rwandaise qui les a tués.
Vous avez été reçu par le président Félix Tshisekedi, le 25 août. A-t-il été question de cette polémique ?
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