Produits agricoles : destination l’europe

Publié le 22 août 2005 Lecture : 2 minutes.

Jusqu’à la fin des années 1980, les cultures de contre-saison étaient dominées par deux opérateurs clés chargés de réceptionner et de commercialiser les produits : l’Union des coopératives agricoles et maraîchères du Burkina (Ucobam) et la FlexFaso, une société d’économie mixte. Au début des années 1990, la libéralisation du secteur change la donne en permettant à de nouveaux acteurs de s’y introduire. Et, en parallèle, d’autres pays, dont le Kenya et Israël, se sont lancés à l’international. Résultat : les exportations de haricots verts burkinabè ont chuté de 80 %, de plus de 3 000 tonnes en 1990, à moins de 600 tonnes aujourd’hui.
En outre, les producteurs ne maîtrisaient pas les prix en France, leur principal débouché commercial. Comme l’explique Ibrahim Nébié, responsable à Ouagadougou des programmes agricoles pour la Banque mondiale, d’une part, les produits étaient payés au cours français en vigueur et, d’autre part, seulement lorsqu’ils avaient tous été vendus. Aussi la baisse des prix survenue au milieu des années 1990 n’a-t-elle pu être anticipée au Burkina… Brutalement, les exportateurs n’ont plus eu les moyens de payer les producteurs, qui, eux-mêmes, n’ont plus réussi à rembourser les banques. Rapidement, l’ensemble de la filière a été totalement désorganisé. Les relations n’ont pas tardé à se détériorer entre les différents acteurs. Les cultivateurs ne fournissaient plus les quantités commandées, la qualité a baissé et les exportateurs se sont livrés à des pratiques douteuses, certains n’hésitant pas à négocier en douce avec certains producteurs le rachat de la récolte due à leur concurrent… Résultat : les retards de livraison en France se sont multipliés, certaines commandes n’étant même plus honorées.
Aujourd’hui, l’État et les opérateurs privés s’attachent à relancer l’activité, ce qui passe par une restructuration du secteur. Elle est d’autant plus nécessaire que l’Union européenne impose de normes de traçabilité. Pour y répondre, plusieurs opérateurs mettent en place des projets totalement intégrés, une même entreprise se chargeant de la production des fruits et légumes jusqu’à leur exportation, en passant par leur conditionnement. Grâce à cette réorganisation, le gouvernement comme la Banque mondiale croient au potentiel et à la relance de la filière. Seulement, comme l’indique Ibrahim Nébié, « il faudra un peu de temps pour rattraper le retard ».

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