Malaise dans l’industrie

Les patrons appellent l’État au secours de leurs entreprises.

Publié le 22 août 2005 Lecture : 2 minutes.

C’est un véritable SOS que les industriels burkinabè ont lancé à leur gouvernement le 7 juillet dernier, à l’occasion des 5es rencontres annuelles entre le gouvernement et le secteur privé. Réunis dans la salle de conférences de la Chambre de commerce, d’industrie et d’artisanat de Bobo-Dioulasso, les entrepreneurs ont fait part, lors d’un échange très franc avec les ministres présents – dont le premier d’entre eux, Ernest Paramanga Yonli -, de leur inquiétude au sujet de la faiblesse de l’industrie nationale. Ils ont notamment interpellé le gouvernement sur les problèmes de compétitivité qu’ils rencontrent, et sur leurs conséquences dramatiques. Dans la seule région de Bobo-Dioulasso, les emplois industriels ont diminué de plus de 22 % en cinq ans, passant de 22 000 en 2000 à 17 000 en 2005.
Pour les industriels, deux grands fléaux les empêchent de développer une activité performante : une fraude massive dans certaines filières, notamment celles de l’huile et du sucre, et un afflux de produits asiatiques bon marché dans le pays. Ne mâchant pas leurs mots, ils ont demandé à l’État de renforcer la lutte contre les acteurs économiques illégaux, en intensifiant le contrôle des produits arrivant aux frontières et en prenant des mesures pénales. Pour mieux faire face à la concurrence étrangère, ils souhaitent également un soutien financier des pouvoirs publics, par le biais de subventions ou de taxes douanières sur certaines importations.
Le Premier ministre a fait montre d’écoute et de compréhension, sans toutefois annoncer de mesures fracassantes. La prison pour les fraudeurs ? « On ne peut pas inventer des sanctions qui n’existent pas dans le cadre juridique et réglementaire du pays », a-t-il répondu. Et d’ajouter qu’à son avis la solution réside plutôt dans une coopération accrue entre l’administration, les entreprises et les consommateurs : « Les acteurs économiques doivent donner des informations au gouvernement pour qu’il puisse agir contre la contrebande. » Concernant une aide éventuelle à l’industrie nationale, le chef du gouvernement a expliqué que « l’État, à lui seul, ne peut pas apporter une réponse à la concurrence étrangère et ne peut en aucun cas se substituer aux détenteurs du capital. Les entreprises doivent anticiper. Bien sûr, nous nous devons d’être aux côtés de celles qui sont en difficulté, mais dans le cadre des accords internationaux que nous avons signés. » Avant de conclure : « Nous devons nous adapter à la marche économique du monde, en privilégiant certains secteurs. » Un point de vue sur lequel tout le monde est tombé au moins d’accord. En témoigne l’intervention d’Oumar Yugo, vice-président de la Maison des entreprises, qui estime que l’industrie burkinabè doit faire un choix. « Nous ne pouvons pas nous permettre une diversification industrielle à l’infini. Un secteur doit avoir la priorité : celui du coton, qui représente la première source de revenu du pays. »

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