La facture est lourde

Si la mise en service de l’immense barrage de Ziga résout les problèmes de la capitale, le réseau d’irrigation est insuffisant dans le reste du pays.

Publié le 22 août 2005 Lecture : 3 minutes.

«La pénurie d’eau à Ouaga, c’est de l’histoire ancienne, promet Mamadou Lamine Kouaté, le directeur général de l’Office national de l’eau et de l’assainissement (Onea). Avec la mise en service du barrage de Ziga, les problèmes sont réglés pour au moins vingt-cinq ans. » Depuis plusieurs années déjà, les quatre barrages situés aux limites de la ville ne parvenaient plus à subvenir aux besoins des habitants. Ziga représentait un vieux rêve depuis la réalisation des premières études pour sa construction en 1985. Aujourd’hui, huit ans après le démarrage des travaux, l’or bleu coule abondamment jusqu’à Ouagadougou. Le projet entre dans sa dernière phase, qui comprend la mise en place du réseau secondaire des canalisations et de huit châteaux d’eau. Un appel d’offres a été lancé mi-juillet pour la réalisation de 50 000 branchements individuels supplémentaires d’ici à 2007, soit un doublement du nombre d’abonnés de la capitale. Les travaux doivent commencer en octobre. En outre, il conviendra d’étendre le réseau d’assainissement. Une station d’épuration a été construite dans le cadre du projet. Le tout-à-l’égout, pour l’heure limité au centre-ville et à la zone industrielle, devrait être progressivement étendu aux quartiers périphériques.
Mais l’investissement faramineux que représente Ziga – le plus gros jamais réalisé dans le pays, puisqu’il a coûté 150 milliards de F CFA (environ 230 millions d’euros) et mobilisé treize bailleurs de fonds dont l’État burkinabè – permettra-t-il de répondre sur le long terme à l’essor démographique de la ville ? Pour l’heure, le DG de l’Onea se veut rassurant : « Ziga a une capacité d’environ 200 millions de m3. Si cela ne suffisait plus, nous irions chercher l’eau à Bagré. Situé à une centaine de kilomètres de Ziga, ce barrage peut stocker 1,2 milliard de m3. Et celui de la Kompienga est encore plus important, puisque sa capacité atteint les 2,2 milliards de m3. » Le coût des travaux de raccordement serait cependant très conséquent. Mais chaque chose en son temps…
D’autant que si la capitale semble tirée d’affaire, la situation est moins enviable dans le reste du pays. Des pénuries frappent toujours les principales villes. Surtout dans la région nord, la plus aride. « Nous avions investi 300 millions de F CFA dans la construction de dizaines de forages à Ouahigouyia, explique Mamadou Lamine Kouaté. Cela a malheureusement été un échec. Dans cette zone, l’eau souterraine n’est pas la solution. Il faut des barrages, mais cela coûte très cher. Nous sommes en train de faire des études. Les coopérations allemandes et danoises nous accompagnent. »
Dans les zones rurales, l’accès à l’eau potable est à peu près assuré. « Grâce à un bon réseau de forages, plus de 40 000 dans tout le pays, le Burkina est le premier pays du CILSS (Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel) en termes de couverture en eau potable avec un taux de 95 % », indique Salif Diallo, le ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques. En revanche, l’eau d’irrigation manque. Là est le véritable défi d’un pays qui prétend faire de l’agriculture le moteur de son économie. Un vaste programme d’hydraulique rurale a donc été mis en place afin de développer les petits barrages et le goutte-à-goutte. En dix ans, plus de 400 ouvrages ont été construits. Le pays en compte désormais plus de 1 500. Enfin, le gouvernement a également mis en place, depuis 1998, le programme Saaga (« pluie », en moré) pour les pluies artificielles. La technologie un « ensemencement » des nuages à partir de produits chimiques – a été transférée au Burkina par le royaume du Maroc. Selon le ministre, « les résultats sont bons avec une hausse d’environ 10 % de pluviosité sur les zones concernées ».
Mais l’eau, même lorsqu’elle est disponible, reste chère. Sur le réseau de l’Onea, c’est-à-dire dans toutes les villes de plus de 10 000 habitants, le prix moyen s’établit à 440 F CFA le mètre cube pour les particuliers et à 1 000 F CFA pour les industriels… Ce qui, ajouté au coût de l’électricité, décourage les investisseurs et limite le développement d’un tissu industriel local. Les tarifs n’ont certes pas augmenté en 2005, mais aucune baisse n’est à l’ordre du jour. L’Onea devra doubler, voire tripler son nombre d’abonnés si elle veut équilibrer ses comptes et baisser sensiblement ses tarifs.

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