Investissements tous azimuts

New Delhi cherche à s’imposer comme l’un des leaders des pays en développement en partageant son expertise industrielle et technologique.

Publié le 23 août 2005 Lecture : 2 minutes.

Depuis le lancement en 2002 du programme « Focus Africa », l’Inde ne cesse de renforcer sa présence en Afrique. Dernière initiative majeure de cette idylle afro-indienne : le projet e-Africa, qui vise à relier la totalité des pays du continent par un réseau satellite et à fibre optique. Par la voix de son président Abdul Kalam, instigateur du projet, New Delhi s’est engagé à verser 50 millions de dollars sur trois ans pour la mise en place et la maintenance de cette autoroute panafricaine de l’information et de la communication.
Champion de la première heure du mouvement des non-alignés, le géant indien croit aux bénéfices de la coopération Sud-Sud. Et compte bien s’imposer comme l’un des leaders du monde en développement en partageant son expertise, particulièrement dans les domaines des nouvelles technologies, fleuron de son industrie, et de l’agriculture. Assistance technique, formation de cadres, financement de projets dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad), l’Inde est sur tous les fronts. Les forums d’affaires se multiplient, surtout dans les pays où la diaspora indienne, venue s’installer durant la colonisation britannique, est la plus nombreuse. Outre Maurice, depuis longtemps considérée comme sa porte d’entrée sur le sud du Sahara, l’Inde est par exemple bien implantée en Ouganda, où elle est le troisième investisseur, derrière le Royaume-Uni et le Kenya. Ses entreprises sont également très présentes en Afrique du Sud, dans les secteurs automobile, bancaire, pharmaceutique et des télécommunications. L’Afrique de l’Ouest n’est pas négligée. Fort d’un partenariat privilégié avec Dakar, New Delhi a fait une entrée remarquée dans la sous-région. Créé en 2003 à l’initiative du président sénégalais Abdoulaye Wade et de l’ancien Premier ministre indien Atal Bihari Vajpayee, le Techno Economic Approach for Africa-India Movement (Team 9) regroupe, outre les deux pays fondateurs, le Burkina, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée-Bissau, la Guinée équatoriale, le Mali et le Tchad. Principale retombée de cette coopération : l’octroi par les autorités indiennes d’une ligne de crédit de 500 millions de dollars aux membres du Team 9. Et l’ouverture d’une usine d’assemblage d’autobus à Thiès, au Sénégal. Elle résulte d’une association entre le groupe automobile Tata International et des partenaires sénégalais.
Mais c’est vers le Soudan que se dirigent la majorité des investissements, approvisionnement énergétique oblige. À ce jour, les sociétés pétrolières indiennes ont injecté plus de 2 milliards de dollars dans l’exploration, la production, le raffinage et la construction d’un oléoduc. Soit deux fois moins que leurs voisines chinoises. Dans le contexte actuel de course à l’or noir, Khartoum n’hésite pas à jouer des rivalités entre les deux géants asiatiques. En visite dans la capitale indienne en juin dernier, le ministre des Affaires étrangères soudanais, Mustafa Osman Ismaïl, a promis au chef du gouvernement Manmohan Singh d’accorder des « conditions spéciales » aux pétroliers indiens pour qu’ils rattrapent leur retard sur la Chine. La compétition entre Pékin et New Delhi est désormais ouverte sur le continent.

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