Tunisie : le Parlement accorde sa confiance au gouvernement Mechichi
Les députés tunisiens ont approuvé dans la nuit le gouvernement de technocrates présenté par Hichem Mechichi, évitant la dissolution de l’Assemblée.
Les députés tunisiens ont approuvé dans la nuit du 1er au 2 septembre, le gouvernement de technocrates présenté par Hichem Mechichi , le second cabinet en six mois. L’équipe constituée par l’ex-ministre de l’intérieur Hichem Mechichi, composée de juges, universitaires, fonctionnaires et cadres du privé, a obtenu 134 voix sur 217.
« Je suis fier de ce soutien », a déclaré le premier ministre à l’Agence France-Presse (AFP) à l’issue du vote, ajoutant que le gouvernement pourra « avancer sur les problèmes économiques, du moment qu’il ne se retrouve pris dans aucun tiraillement politique ».
Après un bras de fer entre le président Kaïs Saied, un universitaire farouchement indépendant, et la formation d’inspiration islamiste Ennahdha, principal bloc parlementaire, M. Saied avait chargé fin juillet Hichem Mechichi de composer une équipe apolitique, à contre-courant des principaux partis. Mais c’est paradoxalement grâce à Ennahdha et à ses alliés, dont le parti libéral Qalb Tounes, que ce dernier arrive au pouvoir, un retournement augurant de nouvelles tensions.
Pour le président du Parlement et chef de file d’Ennahdha Rached Ghannouchi, l’Assemblée « a montré qu’elle était le cœur du pouvoir dans ce pays ». Ce gouvernement « peut régler les problèmes économiques, sanitaires, sécuritaires, je suis persuadé de sa réussite », a-t-il ajouté.
Réserves sur le cabinet
Ennahda, Qalb Tounes et d’autres ont néanmoins exprimé d’importantes réserves sur le cabinet, qu’ils espèrent pouvoir remanier partiellement. Les ministères régaliens ont été confiés à trois spécialistes du droit, sans carrière politique et inconnus du grand public.
Avant le vote, Hichem Mechichi, un énarque de 46 ans, a présenté ses priorités : arrêter l’« hémorragie » des finances publiques en relançant notamment la production de pétrole et de phosphate – entravée par des manifestations de chômeurs –, mais aussi réformer l’administration tunisienne et protéger les plus démunis.
Ce vote écarte la perspective d’une dissolution de l’Assemblée moins d’un an après son élection, qui aurait risqué d’exaspérer une opinion publique préoccupée par la situation économique du pays. Dix ans après la révolution, la Tunisie poursuit sa démocratisation, fragilisée par les luttes politiciennes et sa difficulté à réformer son économie.
Hichem Mechichi est le troisième chef du gouvernement désigné depuis octobre, et son gouvernement sera le second. Son cabinet gouvernemental sera chargé de reprendre les discussions avec le Fonds monétaire international, dont le programme quadriennal a expiré au printemps, alors que la Tunisie peine à boucler son budget.
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