Camtel : le ras-le-bol des internautes camerounais

Camtel, unique gestionnaire de la fibre optique du pays, entrave le développement du web, selon ses utilisateurs.

L’opérateur historique est passé d’une tarification à la durée à une tarification au volume. © Jean-Pierre Kepseu

L’opérateur historique est passé d’une tarification à la durée à une tarification au volume. © Jean-Pierre Kepseu

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Publié le 8 mai 2014 Lecture : 2 minutes.

« C’est de l’escroquerie ! » enrage Eugénie contre la Cameroon Telecommunications (Camtel). Cette enseignante d’un lycée de Yaoundé ne peut plus télécharger ni musique ni vidéo sur son smartphone et se contente du courrier électronique depuis que l’opérateur historique a décidé, en décembre, de passer d’une tarification à la durée à une tarification au volume. « Je déboursais 10 000 F CFA [15 euros] par mois pour 100 heures de connexion que je n’épuisais quasiment jamais. Avec la nouvelle formule, je ne peux même pas surfer deux semaines pour la même somme. »

Ses voisins basculent dans la 3G, voire la 4G…Lui reste à la 2G. Un retard technologique patent.

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Comme Eugénie, nombreux sont les clients qui se plaignent parmi le million d’internautes que compte le pays. Mais d’après l’opérateur, ce changement correspond à une tendance mondiale et permet de facturer la consommation réelle.

Tendance mondiale

Reste qu’au-delà de la tarification c’est surtout la qualité du service proposé par les fournisseurs d’accès que les utilisateurs remettent en question. « Même s’il s’améliore, le débit est encore très lent par rapport aux besoins réels et à la nature des nouveaux contenus », note Gaspard Djomo Kepseu, patron d’Inet Consulting. Forte d’une soixantaine d’employés, son entreprise installée à Douala fournit des solutions informatiques à un portefeuille de clients essentiellement constitué de multinationales. Chaque mois, il règle environ 1 million de F CFA à MTN et à Camtel, ses deux fournisseurs d’accès. « C’est énorme pour une PME », déplore l’ingénieur, qui regrette que l’État ne soutienne pas le développement de la Toile.

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Monopole

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Le marché de l’internet camerounais compte pourtant un grand nombre d’acteurs : en dehors des trois opérateurs de téléphonie, douze fournisseurs d’accès y sont actifs. Mais tous sont obligés d’être clients de Camtel, qui dispose du monopole sur la fibre optique.

« Camtel doit être dessaisi de ce monopole et plus généralement du transport des signaux des télécoms », insiste Jean Vincent Tchienehom, un journaliste qui dépense mensuellement de 80 000 à 100 000 F CFA pour être connecté 24 heures sur 24.

Le pays accuse un retard technologique en restant à la 2G (qui correspond à un débit de 0,009 Mbit/s), alors que nombre de ses voisins basculent dans la 3G (1,9 Mbit/s), et même la 4G (100 Mbit/s). Viettel Cameroun, le troisième opérateur de téléphonie mobile en cours d’installation, tarde à lancer la 3G, dont il détient la licence exclusive. Quant aux câbles sous-marins internationaux ACE et Wacs, le Cameroun n’utilise pas encore le premier et est sur le point de signer l’acte de vente du second avec MTN pour entamer son exploitation.

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