Retour en force du pagne traditionnel
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Kaya, chef-lieu de la région du Centre-Nord, à 100 km de la capitale. Nous sommes le 8 mars 2006. Chantal Compaoré, épouse du chef de l’État, préside les cérémonies commémoratives de la Journée internationale de la femme. Point commun avec les femmes venues nombreuses à cette journée festive : le magnifique ensemble stylé en tissu traditionnel qu’arbore la première dame. C’est le Faso Dan Fani (FDF) ou « pagne tissé du Faso », le tissu traditionnel burkinabè. Le matériau utilisé permet d’offrir plusieurs gammes de tissu selon l’usage et le climat. Il peut être utilisé pour tous types de vêtements, le revêtement mural, les meubles, les rideaux, etc.
La valorisation de ce pagne dont le port fut obligatoire au début des années 1980 a fini par susciter un grand engouement au-delà des frontières nationales. Le FDF s’impose aujourd’hui comme référence vestimentaire dans toute la sous-région. À Dakar, Abidjan ou Lomé, le FDF a acquis ses lettres de noblesse. Il a surtout réussi à briser les barrières de classe : hommes politiques, artistes, sportifs, étudiants, travailleurs trouvent leur compte dans les différentes catégories proposées. Ainsi, dans la gamme « pagnes du marché », on peut s’offrir un FDF à moins de 3 euros. Dans la catégorie « haut de gamme », le prix se situe autour de 15 euros.
Le président Blaise Compaoré a tiré une fierté légitime, en décembre dernier, du défilé d’ouverture des Ves jeux de la Francophonie à Niamey au Niger. Tous habillés en FDF, les athlètes et artistes burkinabè ont fait sensation sous le regard admiratif et les applaudissements de la foule, de plusieurs chefs d’État de la sous-région et du secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, le Sénégalais Abdou Diouf.
Au-delà de son caractère culturellement fédérateur, le FDF a réhabilité l’activité des tisserands, qui s’organisent de plus en plus en associations. Un Bureau des artisans a vu le jour avec l’appui de la coopération allemande pour donner davantage d’écho au travail des artisans. Ces derniers tentent de mettre en place des réseaux fiables pour l’écoulement de leur production et sont à la recherche de partenaires aussi bien financiers que techniques. Une « Journée du tisserand », instituée pour valoriser le vêtement traditionnel, a même été instaurée depuis deux ans. Le grand prix national de l’art vestimentaire, qui encourage la créativité artistique, en est à sa sixième édition. Les tisserands ne sont plus les seuls promoteurs du FDF. Tailleurs, couturiers et stylistes rivalisent d’imagination dans la création de modèles qui font de plus en plus appel au FDF.
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