3 questions à Hakim Ben Hammouda

Directeur à la division du commerce et de l’intégration régionale de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique

Publié le 15 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Les banques de développement en Afrique ont échoué. Comment l’expliquez-vous ?
Hakim Ben Hammouda : Elles ont été créées pour répondre à un besoin particulier des pays africains. À cette époque, ils disposaient de systèmes financiers traditionnels hérités de la période coloniale qui ne répondaient pas à leurs préoccupations. Il fallait créer des institutions financières capables d’assurer des financements à long terme et dans des secteurs où la rentabilité n’est pas immédiate. C’est dans ce contexte que sont nées les premières banques de développement. Elles ont tiré profit d’une conjoncture internationale favorable aux pays en développement avec la forte hausse des cours de matières premières qui constituent l’essentiel des exportations des pays africains. Ces liquidités ont permis aux pays de doter les banques de développement des moyens nécessaires pour remplir leurs missions. En dépit des efforts et des financements effectués, le bilan n’est pas reluisant, notamment au regard des financements hasardeux effectués jusqu’au milieu des années 1980. L’histoire de ces banques est également liée aux crises de développement et à l’endettement de ces pays à partir du milieu des années 1980.
La plupart ont disparu, laissant la place aux seules institutions régionales comme la BAD. Ces intervenants pourront-ils réussir là où les structures nationales ont échoué ?
Le rôle des banques de développement au niveau régional est encore important, et les conditions sont réunies pour qu’il augmente de plus en plus. Il faut souligner que ces institutions sont mieux gérées et qu’elles appliquent les normes internationales, avec des revues et des audits indépendants réguliers. L’amélioration des conditions de gestion a eu un impact positif sur la qualité des investissements des banques de développement. Par ailleurs, la question de l’intégration régionale est devenue une préoccupation centrale dans la réflexion sur le développement du continent. À ce niveau, on s’est rendu compte que la faiblesse des progrès est liée au faible développement des infrastructures régionales. Elles nécessitent des financements qui dépassent les moyens des États. L’avenir des banques de développement se situe de plus en plus au niveau régional.
Dans un univers financier où coexistent banques commerciales, banques d’affaires, sociétés de capital-risque et institutions de microfinance, ont-elles encore un rôle à jouer ?
Il est vrai que l’univers financier dans les pays en développement s’est enrichi depuis quelques années avec la multiplication des mécanismes et des institutions de financement. Mais les banques de développement peuvent encore jouer un rôle notamment dans le domaine des infrastructures. Elles peuvent aussi être un relais important pour les banques régionales. Tout cela à la condition qu’elles rompent avec les errements et les pratiques du passé.

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