On ne badine pas avec la liberté

« Le Journal des auditeurs » d’Africa N° 1 vient de fêter ses 10 ans. Cette émission citoyenne est devenue une véritable institution.

Publié le 15 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

Paris, 14 h 30, Jules Ahadzi Komlan s’installe au micro. Le générique est lancé. L’une des émissions phares d’Africa N° 1, Le Journal des auditeurs (JDA), débute. Pendant une demi-heure, le continent a rendez-vous avec la libre expression. « Le débat roule, tout est dit sans tabou », annonce l’animateur qui a sélectionné une dizaine d’interventions sur la cinquantaine de messages laissés sur le répondeur ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre. « Je dois faire des choix. Ce n’est pas de la censure, mais les gens sont parfois tellement amers qu’ils dépassent les limites », explique Jules Ahadzi Komlan, qui fête les 10 ans de cette aventure périlleuse. « Nous avons subi de fortes pressions, mais la reculade, c’est terminé. On ne badine pas avec la parole du peuple », tranche-t-il.
Au menu de l’émission, la situation au Tchad et le pouvoir vacillant de Lansana Conté en Guinée. Comme à chaque fois les prises de position sont tranchées, mais elles reflètent l’état de l’opinion. Le baromètre du continent monte en pression. Pour le Tchad, un auditeur dénonce le rôle de la France qui tire les ficelles et « vole au secours des dictatures ». Un autre intervenant se souvient avec nostalgie du temps béni « sous Sékou Touré où l’on mangeait très bien en Guinée-Conakry ». Toujours en retrait, jamais partisan, Jules présente chaque intervention, mais sans jamais orienter le débat. Et, s’il lui arrive de pointer les contradictions d’un tel, c’est pour mieux alimenter la réflexion. Chacune de ses prises de parole est rédigée à l’avance. Malgré ses trente ans de métier, il n’y a pas de place pour l’improvisation.
Chaque jour, du lundi au vendredi, le JDA passe ainsi en revue ce qui fait l’actualité, avec une rediffusion le soir à 20 h 30. La liste noire des compagnies aériennes édictée par l’Union européenne ; la crise en Côte d’Ivoire ; la loi pour une immigration choisie en France ou bien encore l’homophobie au Cameroun, les auditeurs ont un avis sur tout. La curiosité du JDA n’a pas de limite.
« En dix ans, on a assisté à une conscientisation du continent. Une opinion publique africaine est née », résume Komlan, qui n’oublie pas pour autant le rôle pédagogique d’un média grand public. Pour cela, il revient le dimanche en ouvrant le micro à des spécialistes, des universitaires ou des journalistes afin de décortiquer un événement. Les auditeurs reviendront à la charge le lundi.

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