Leyla Khaïat

Présidente des Femmes chefs d’entreprises en Tunisie

Publié le 15 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

« Je lis Jeune Afrique depuis de longues années. Je me souviens que, naguère, j’appréciais beaucoup le courrier des lecteurs. Ça m’intéressait de voir des étudiants critiquer vertement tel ou tel article. » Notre hebdomadaire a changé de titre, mais Leyla Khaïat (57 ans) lui est restée fidèle – et se réjouit qu’il ait repris son titre original. Le 4 mai, cette lectrice pas tout à fait comme les autres nous a, pour la première fois, rendu visite. Et évoqué pour nous son parcours, à bien des égards singulier.
Rien ne la prédestinait à devenir ce qu’elle est aujourd’hui. Professeur de lettres françaises, elle est, en 1995, confrontée à un redoutable défi : après le décès de son mari, elle décide de prendre la direction de l’entreprise familiale. Aussitôt, trois salariés – deux femmes et un homme – démissionnent, refusant de travailler sous l’autorité d’une femme. Mais elle n’en a cure. En moins de dix ans, elle parvient à développer considérablement son groupe, aujourd’hui composé de la Socotex (commerce du textile) et de Plastiss S.A. (fabrication de cuir synthétique). Reconnaissance logique : elle est portée à la présidence de la Chambre tunisienne des femmes chefs d’entreprises. C’est le début d’un long combat, en Tunisie et à l’étranger, en faveur de l’entreprenariat féminin : en une dizaine d’années, le nombre des tunisiennes chefs d’entreprise passe de deux cents à cinq mille.
En 1998, nouveau défi : elle est la première non-Européenne à être nommée présidente des Femmes chefs d’entreprises mondiales (FCEM), une association créée en 1945. Réélue pour un deuxième mandat, elle cède finalement son poste, en octobre 2005, à la Camerounaise Françoise Fonning, mais conserve le titre de présidente honoraire. Elle continue de voyager à travers le monde pour lutter contre les discriminations dont les femmes sont encore victimes dans les milieux d’affaires. Et pas seulement en Afrique ! « Si, en Europe et aux États-Unis, des femmes militent, c’est qu’il y a une raison, dit-elle. Il est impératif de se regrouper et de s’entraider. »
Vice-présidente du Conseil des femmes chefs d’entreprises arabes, Leyla Khaïat se réjouit de l’implication grandissante des femmes dans le champ économique arabo-musulman. Et estime que la Tunisie, qui, dès 1956, a adopté une législation très favorable aux femmes, y a largement contribué. Intarissable sur l’entreprenariat au féminin, elle se défend pourtant d’être féministe. Ses maîtres mots sont « partenariat » et « parité ». Fille aînée d’Hédi Mabrouk, ancien ministre des Affaires étrangères et ancien ambassadeur à Paris, Leyla Khaïat baigne dans la politique depuis son plus jeune âge. Elle est aujourd’hui membre du Sénat tunisien.

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