Les survivants

Seuls Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et, dans une moindre mesure, Jean-Marie Le Pen trouvent encore grâce aux yeux de leurs concitoyens.

Publié le 15 mai 2006 Lecture : 3 minutes.

A moins d’un an de la présidentielle, la France semble s’interroger sur sa classe politique. Dans un contexte aussi tendu qu’embrouillé – référendum sur la Constitution européenne, événements des banlieues, crise du CPE et, last but not least, affaire Clearstream -, les Français se cherchent des personnalités en qui placer une confiance qu’ils sentent passablement trahie. En cause : la fin de régime à droite, celle du président Jacques Chirac, et les atermoiements d’une gauche qui peine à rebondir malgré les nombreuses occasions que lui ont procurées l’affrontement Villepin-Sarkozy ou les différentes crises qui ont récemment secoué le pays.
Un sondage réalisé pour Le Figaro Magazine, à la fin du mois d’avril, sur la cote de popularité des personnalités politiques confirme une tendance qui n’était jusqu’ici qu’esquissée : le rejet de la quasi-totalité des leaders politiques, de droite comme de gauche. Un grand ras-le-bol sur fond d’inquiétude. L’Europe, l’emploi, la sécurité, l’immigration, l’avenir Autant de sujets d’interrogation et d’angoisse auxquels ne parvient pas à répondre le gotha actuel de l’échiquier politique.
Seules trois personnalités sont épargnées par cette défiance générale. Elles en recueillent même les fruits et font désormais figure de champions : Nicolas Sarkozy (UMP, au pouvoir), Ségolène Royal (PS) et l’éternel Jean-Marie Le Pen (Front national).
Le ministre de l’Intérieur et président du premier parti de France recueille 51 % d’avis favorables. Précisons que cette cote de popularité (la question posée est : « Souhaitez-vous voir cette personnalité jouer un rôle important au cours des mois et des années à venir ?») ne signifie pas forcément que les sondés voteront pour telle ou telle personne lors de la présidentielle d’avril 2007. Mais il s’agit tout de même d’une bonne indication Sarkozy grimpe de trois points par rapport à début avril et confirme que, pour l’instant, il est le seul candidat de la droite à avoir une chance de gagner en 2007. Son projet de loi très controversé sur l’immigration devrait lui permettre de « récupérer » quelques points chez les sympathisants d’extrême droite, avides de fermeté, alors qu’il en avait perdu lors de la crise du CPE, certainement en raison de sa modération sur le dossier.
Dans l’autre camp, c’est Ségolène Royal qui tient toujours le haut du pavé. Elle recueille 56 % d’avis favorables (+ 3 points également par rapport à début avril). Sa percée se poursuit donc à un rythme effréné. D’autant qu’elle progresse à la fois chez les ouvriers (+ 16) et chez les cadres (+ 13). Comme Sarkozy, elle incarne deux vertus désormais essentielles aux yeux des Français : la nouveauté et l’ordre.
Derrière ce duo de tête, Jean-Marie Le Pen, le seul avec eux – ou presque – à progresser par rapport au début du mois d’avril (18 % de cote de popularité, + 4 points). Le chef du Front national semble recueillir les fruits de l’insatisfaction générale et obtient son meilleur score depuis 1996 ! En 2002, à la veille de son « exploit » du second tour, il pointait à 16 %.
Le constat est dramatique pour tous les autres ténors politiques, toutes tendances confondues. Tous chutent de plusieurs points, à l’exception du porte-parole du gouvernement et ministre délégué au Budget et à la Réforme de l’État, Jean-François Copé (+ 1 point, à 17 %), et du « Vert » Noël Mamère (+ 2, à 27 %). Pour tous les autres, c’est la bérézina. Le Premier ministre Dominique de Villepin, « plombé » par la gestion de la crise du CPE et l’affaire Clearstream, poursuit sa chute vertigineuse : – 3 points, à 26 %. Il entraîne avec lui le chef de l’État, à qui 80 % des sondés ne font pas ou peu confiance. À gauche, ce n’est guère plus reluisant. Les ténors du PS perdent tous des points. Pis : c’est auprès de leur propre base que le rejet se fait le plus ressentir. Lionel Jospin recule de 8 points au PS, et François Hollande de 6. Les « éléphants », comme on les appelle, semblent avoir fait leur temps, puisque même Bernard Kouchner ou Jack Lang, d’habitude épargnés, chutent respectivement de 1 et 3 points.
Sarkozy et Royal poursuivent leur ascension, Le Pen reste en embuscade, tous les autres reculent. L’élection de 2007 se jouera-t-elle entre ces trois-là ? Une chose est sûre : les Français sont très échaudés et le font de plus en plus savoir

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