Le grand business du carbone
Plus de deux cents entreprises et deux mille délégués ont participé les 10 et 12 mai à Cologne (Allemagne) à une conférence-exposition consacrée au marché mondial du carbone (« Carbon Expo 2006 »). Cet événement entre dans le cadre de la mise en uvre du protocole de Kyoto sur la protection du climat*. Entré en vigueur le 16 février 2005, cet accord rassemble tous les pays membres des Nations unies, à l’exception notable des États-Unis (le plus grand pollueur du monde) et de l’Australie.
Faisant fi de l’obstruction américaine, l’Union européenne a pris l’initiative de limiter les émissions de gaz carbonique dans l’atmosphère et de sanctionner les contrevenants. Plus de douze mille installations industrielles ont ainsi reçu une allocation annuelle d’émission de CO2 et autres gaz à effet de serre. Les entreprises incapables d’investir pour rendre leurs installations moins polluantes doivent acheter le « droit de polluer ». Un marché évalué à plus de 30 milliards de dollars en 2006. Et à 700 milliards en 2010.
Le « droit de polluer » – ou certificat d’émission – est désormais coté en Bourse (entre 15 dollars et 30 dollars la tonne de CO2). Les pollueurs peuvent l’acheter auprès des entreprises européennes « écologiquement correctes », ou, à défaut, auprès des promoteurs de projets « verts » à réaliser dans les pays en développement : plantation d’acacias au Niger, valorisation des déchets dans les abattoirs du Sénégal ou énergie éolienne au Maroc. Ces projets permettent soit de stocker du gaz carbonique (forêts), soit d’éviter d’en produire (ne pas brûler les déchets, ne pas utiliser d’hydrocarbures).
Il y a mille et une manières de lutter contre le réchauffement climatique. Telle est la thèse que Carbon Expo 2006 s’est efforcée de démontrer. Cinq pays africains étaient présents à Cologne (Égypte, Afrique du Sud, Maroc, Sénégal et Ouganda) afin de promouvoir leurs propres projets. Pour les financer, la Banque mondiale a mis en place une dizaine de fonds spéciaux. « Notre objectif est de favoriser le développement d’une économie qui ne détériore pas le climat », a indiqué Sergio Jellinek, le responsable du développement durable au sein de la Banque.
* Consulter notamment les sites Internet des Nations unies (http://unfccc.int), de la Banque mondiale (www.carbonefinance.org) et de l’Union européenne (www.ieta.org)
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