La semaine (du 6 au 12 mai)

Mauritanie
Ould Taya sur la sellette
La justice belge vient de juger recevable une plainte « pour torture et crimes contre l’humanité » déposée en 2002 contre Maaouiya Ould Taya, l’ancien chef de l’État, écarté du pouvoir le 3 août dernier. Un juge d’instruction entendra prochainement les plaignants. Ils sont tous parents de militaires négro-mauritaniens victimes notamment d’exécutions extrajudiciaires sous la présidence d’Ould Taya, lequel est actuellement en exil au Qatar. « La perte de son immunité présidentielle et l’acquisition de la nationalité belge par au moins l’un des plaignants rendent possible l’instruction de la plainte », explique Me Marc Libert, l’avocat des plaignants.

Rwanda
Avis de recherche
Le parquet général du Rwanda a localisé 93 personnes accusées d’avoir participé au génocide de 1994 et vivant à l’étranger. « Nous avons demandé le 5 mai aux ambassadeurs de nous aider à contacter les pays d’accueil », a précisé le procureur général adjoint, Emmanuel Rukangira. La France, la Belgique, le Kenya, la Tanzanie et la RD Congo (là où résident majoritairement les recherchés) pourront choisir de juger ces personnes ou de les extrader, précise Kigali. « Nous attendons leur réaction », conclut le magistrat.

Algérie
Fuite des cerveaux
Quasiment 45 000 universitaires algériens ont fui leurs pays, entre 1992 et 2002, pour échapper au terrorisme et au marasme socio-économique. Des statistiques plus alarmantes indiquent que sur le demi-million de personnes qui ont quitté l’Algérie durant les quinze dernières années, 125 000 sont des diplômés. En avril dernier, le président Bouteflika a vivement dénoncé cette fuite des cerveaux en affirmant que le pays ne peut pas « continuer de former ses enfants pour les voir ensuite aller travailler ailleurs. »

Grippe aviaire
Dommages collatéraux
Pour avoir fait preuve de laxisme en ne signalant pas à leurs supérieurs le décès de 2 000 poulets dans une ferme du sud-ouest de la Chine, cinq fonctionnaires de cette province ont perdu leur emploi. Quelques milliers de kilomètres plus loin, les services djiboutiens de santé publique semblent faire preuve de plus de professionnalisme : ils ont signalé l’apparition d’un premier cas humain, une fillette de deux ans, prise en charge à l’hôpital de Djibouti. Des investigations sont en cours pour connaître l’origine de la contamination.

Santé
Troubles labos pharmaceutiques
Des experts accusent Pfizer, le premier groupe pharmaceutique mondial, d’avoir illégalement testé un médicament interdit sur des humains au Nigeria en 1996. Selon un rapport rendu public par le Washington Post, cinq enfants seraient morts des traitements élaborés par l’entreprise. Pfizer affirme que les tests ont été menés en accord avec les autorités du pays. L’autre géant de l’industrie pharmaceutique, GlaxoSmithKline (GSK), a été par ailleurs inquiété par une association de défense des animaux qui lui reproche de pratiquer indirectement des tests jugés dangereux sur les bêtes. Les activistes ont menacé de publier sur internet les noms et adresses des actionnaires qui refusent de vendre les parts de GSK qu’ils détiennent. À la demande de l’entreprise, une décision de justice a autorisé celle-ci, le 11 mai, à protéger l’anonymat de ses actionnaires.

Royaume-Uni
Potences à vendre
En apparence, David Lucas est un fermier bien tranquille. Dans sa ferme du Suffolk, il produit et vend des plantes d’agrément et du mobilier de jardin. Mais la police britannique s’intéresse à lui depuis qu’ont été découverts dans ses champs les cadavres de deux fillettes assassinées par un détraqué. Et la police vient de mettre au jour une activité parallèle de David Lucas : il produit aussi des échafauds qu’il vend à l’étranger (notamment en Libye et au Zimbabwe), jusqu’à 150 000 euros l’un, pour des exécutions par pendaison. Amnesty International a porté plainte contre lui au motif qu’il nuit aux efforts menés par son pays pour imposer l’abolition de la peine de mort dans le monde.

Liberia
« Faveurs contre protection »
Après la République démocratique du Congo, c’est au Liberia que les Casques bleus de l’ONU sont accusés d’abus sexuels. L’ONG « Save the Children » dénonce l’exploitation de fillettes et de jeunes filles, de 8 à 18 ans, dans les camps de réfugiés. La mission des Nations unies au Liberia (Minul) se dit déterminée à « identifier et punir les auteurs de ces actes odieux, conformément à la politique de tolérance zéro ».

Afrique du Sud
Pretoria reste Pretoria
Le gouvernement de la province du Gauteng voudrait, sous la pression des Noirs de la région, changer le nom – de sinistre mémoire – de Pretoria. Les Boers avaient ainsi nommé leur capitale d’après le patronyme de leur héros, Andries Pretorius, vainqueur des Zoulous en 1855. Le ministre de la Culture, Pallo Jordan, en a décidé autrement. Le 11 mai, il a affirmé que de nombreux débats devaient être réglés avant que Pretoria devienne Tshwane. Principale préoccupation : on ne change pas le nom d’une capitale, sans répercussions coûteuses et symboliques.

Égypte
Et que vivent les juges !
Une grande manifestation, organisée le 11 mai au Caire, a été violemment réprimée par la police antiémeutes qui a procédé à des dizaines d’arrestations. Plusieurs centaines d’Égyptiens étaient descendus dans les rues en soutien à Mahmoud Mekki et Hicham al-Bastawissi, les deux juges réformistes qui devaient comparaître pour avoir demandé une enquête sur le déroulement des élections législatives en décembre 2005. En raison des violents affrontements, leur audience a dû être reportée au 18 mai.

Adieu
L’anthropologue masaïe
L’anthropologue Jacqueline Roumeguère-Eberhardt est décédée le 29 mars à Nairobi (Kenya), à 78 ans. Née en 1927 en Afrique du Sud, elle est devenue française par son mariage avec Pierre Roumeguère, un ami du peintre espagnol Salvador Dali. Spécialiste des sociétés initiatiques du Kenya, elle a ensuite épousé son assistant de recherche, Metamei Ole Kapusia, un guerrier masaï, et a vécu avec lui sur son territoire. Elle s’est fait connaître en 1978 en affirmant, dans un livre controversé, qu’une tribu d’hominidés d’apparence proche des hommes préhistoriques vivrait dans la savane kényane, non loin du Kilimandjaro.

Belgique
Le choc
Le plat pays deviendrait-il aussi dangereux pour les Noirs que la Russie ? Le double meurtre perpétré le 11 mai dans les rues d’Anvers par un militant d’extrême droite a abasourdi les Belges. Une jeune fille au pair d’origine malienne et l’enfant dont elle avait la garde (Luna, 2 ans) ont été abattus par balle en pleine rue par le skinhead, qui n’a pas caché ses intentions racistes. L’inquiétude est d’autant plus vive qu’une extrême droite violente ne cesse de gagner du terrain dans la grande ville flamande et que les agressions contre les étrangers se multiplient depuis plusieurs semaines.