Il était une fois les Black Panthers
Quelque soixante-dix photos pour rappeler l’histoire du mouvement afro-américain né en Californie il y a exactement quarante ans.
Alors que le Black Panther Party aurait 40 ans aujourd’hui, la Bank, jeune galerie d’art contemporain ouverte dans le Marais, à Paris, en septembre dernier, a choisi de rendre hommage à ce mouvement estudiantin né en Californie à l’initiative de Huey P. Newton et Bobby Seale.
Privilégiant l’autodéfense pour contrer les abus policiers et les arrestations arbitraires visant la population afro-américaine, ce parti connaîtra un certain succès. Il s’attirera le soutien de personnalités éminentes telles que Jane Fonda et Marlon Brando avant de disparaître en 1972, affaibli par les dissensions internes et les intimidations du FBI. Le directeur des services secrets américains, J. Edgar Hoover, estimait en effet à l’époque que le « Black Panther [était] la plus grande menace pour la sécurité que les États-Unis aient jamais connue ».
Parrainée par la fondation Huey P. Newton, l’exposition Black Panther Party for Self-Defense !!, qui reprend le nom initial du parti, présente 72 photos inédites prises entre 1966 et 1972. Bien que certains clichés soient signés par de grands noms, notamment William Klein, l’ensemble a davantage valeur documentaire qu’artistique. L’image montrant des enfants noirs brandissant le poing devant des sacs de nourriture évoque ainsi davantage un pays du Tiers-Monde qu’une Amérique à l’économie florissante.
Serait-il saugrenu de chercher une correspondance entre l’épisode Black Panther et la situation que connaissent aujourd’hui certains jeunes en France ? Pour Marie-Céline Somolo, cofondatrice avec Céline Brugnon de la Bank, le parallèle n’est pas farfelu. « Au moment des émeutes dans les banlieues, explique-t-elle, nous avons reçu un appel des fondateurs du mouvement afro-américain. Ce qui se passait en France évoquait pour eux les événements survenus aux États-Unis dans les années 1960. » « Dans les deux cas, nous sommes en présence d’adolescents sans idéologie qui se rebellent contre un système de manière complètement anarchique en cassant tout et en détruisant leur propre environnement. Cette violence dénote un mal-être que les Black Panthers ont tenté de combattre via leur parti », poursuit la galeriste.
En même temps que ces photos, le visiteur pourra découvrir les travaux d’un jeune artiste marocain, Mounir Fatmi. En prologue à l’exposition qui lui sera consacrée à partir du 1er juin, les deux galeristes lui ont demandé d’intervenir sur le thème de l’autodéfense en s’inspirant de situations plus actuelles. Il a conçu des « Wall Paintings », où le Moyen-Orient revient souvent. Sans doute une façon de suggérer que cette région du monde et ceux qui en sont originaires se sont substitués aux Black Panthers pour incarner aux yeux de l’Amérique la menace suprême.
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