Cap sur la petite irrigation

Si les pénuries sont de l’histoire ancienne, seules les grandes villes sont correctement desservies.

Publié le 15 mai 2006 Lecture : 3 minutes.

La question reste au cur des préoccupations du gouvernement : à neuf ans de l’échéance, le Burkina a encore du pain sur la planche s’il veut remplir les conditions posées par le septième Objectif du millénaire pour le développement (OMD), qui vise « à réduire de moitié, à l’horizon 2015, la proportion de personnes qui n’ont pas accès à l’eau potable » dans le pays.
À l’heure actuelle, le taux d’accès au précieux liquide oscille « entre 70 % et 92 % du territoire », avance Salif Diallo, le ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques. Et d’ajouter : « Aucun village ne se trouve, désormais, à plus d’un kilomètre d’un point d’eau. Il y en a 42 000 à travers tout le Faso. Nous avons décidé de passer d’un dispositif hydraulique de village à un dispositif hydraulique de quartier, ce qui signifie que l’on creuse un forage pour 300 habitants, au lieu de 500. »
Reste que de nombreuses disparités persistent entre les régions. La zone sahélienne en particulier, dans le nord du pays, souffre d’une sous-alimentation chronique en « or bleu ». Ouagadougou est, en revanche, bien mieux loti. Depuis l’entrée en service du gigantesque barrage de Ziga, en juillet 2004, « les pénuries sont une histoire ancienne et les problèmes réglés pour au moins vingt-cinq ans » dans la capitale, déclarait l’an dernier Mamadou Lamine Kouaté, le directeur général de l’Office national de l’eau et de l’assainissement (Onea). La retenue a permis de lancer la réalisation d’un vaste programme de 200 000 branchements individuels d’ici à cinq ans. Afin de permettre aux populations les moins aisées d’en profiter, une opération spéciale est en cours. Elle réserve aux quartiers périphériques l’installation de 50 000 raccordements pour 50 000 F CFA seulement (76 euros), contre 200 000 F CFA habituellement. Le dispositif est destiné à venir compléter le réseau de 621 bornes-fontaines actuellement en service à Ouaga.
Dans le reste du pays, des projets d’hydraulique villageoise doivent notamment aider à combler une partie du retard accumulé. Ils s’inscrivent dans le cadre des différentes actions menées par le gouvernement pour améliorer l’accès à l’eau potable depuis cinq ans. Une loi sur la gestion de l’eau a été adoptée en 2001. Elle a été suivie d’un Plan d’action pour la gestion intégrée des ressources en eau (Pagire), qui couvre la période 2003-2015, puis d’un Plan d’action pour l’approvisionnement en eau potable des centres urbains. En mai 2004, un Conseil national de l’eau a également vu le jour.
En termes d’assainissement, la capitale fait figure de privilégiée. Même s’il reste limité au centre-ville et à la zone industrielle, le tout-à-l’égout s’y développe peu à peu, grâce à une station d’épuration qui a vu le jour dans le cadre du projet Ziga. Ailleurs, seul Bobo-Dioulasso commence à en entendre parler : un programme du même type doit débuter en ville ce mois-ci.
Un autre défi majeur réside dans le développement de l’irrigation. Seuls 15 000 ha de terrain profitent à l’heure actuelle de systèmes d’alimentation en eau. Pour promouvoir les cultures de contre-saison, les plans d’extension des terres irriguées se multiplient. En plus des quelque 1 500 barrages, le gouvernement a lancé le programme de « petite irrigation villageoise ».
Une initiative qui reçoit le soutien des bailleurs. En janvier, ces derniers ont accordé une enveloppe de près de 90 milliards de F CFA au Burkina au profit du développement de la petite irrigation. Ce financement entre dans le cadre de la stratégie nationale de développement durable de l’agriculture irriguée, qui prévoit la valorisation de 60 000 ha pour un coût total de 351 milliards de F CFA.
L’eau demeure une ressource rare et chère au Burkina. Si son accès est gratuit dans les zones rurales, comme le confie Salif Diallo, son prix plancher pour les particuliers est supérieur à 400 F CFA le m3 sur le réseau de l’Onea. Quant aux entreprises, elles doivent payer plus encore : pour elles, un tarif unique de 1 040 F CFA le m3 est en vigueur.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires