Bil Aka Kora

Star nationale, il est devenu, à 35 ans à peine, l’un des plus illustres ambassadeurs de la culture burkinabè dans le monde.

Publié le 15 mai 2006 Lecture : 3 minutes.

Au restaurant, dans la rue, ou dans les célèbres maquis ouagalais, son apparition déclenche toujours les mêmes gestes d’admiration et de respect. À 35 ans, Bilgo Akaramata Kora, dit Bil Aka Kora, est une star. Rassembleur, l’artiste est pourtant issu de l’une des ethnies les moins représentées dans son pays, les Kassénas (moins de 1 % de la population).
En mars dernier encore, la vedette se faisait le porte-drapeau de son peuple lors des états généraux de la Francophonie, à Bucarest, en Roumanie. Une forme de reconnaissance internationale pour celui qui a déjà remporté par deux fois un Kundé d’or, la plus prestigieuse récompense de la musique burkinabè. Sur scène, il a fait découvrir à 4 000 personnes la « djongo music », un style de sa création mêlant sons traditionnels africains, mélopées jazzy et rythmes reggae.

La passion de Bil Aka Kora pour la musique remonte à très longtemps. Le virus l’a contaminé alors qu’il n’avait pas 8 ans. À Pô, son village natal, il grandit entre la chorale de l’église et l’orchestre du Centre national d’entraînement commando (Cnec) de l’armée. Tous les soirs, il va assister aux répétitions de la troupe, dont la formation prend le nom de Missile Band de Pô (MBP). Dans ses rangs, le MBP compte alors un guitariste devenu célèbre non pas tant pour son habileté à la « gratte » que pour son action politique : Thomas Sankara, futur leader charismatique de la révolution burkinabè.
C’est sur l’instrument de l’un des membres du Band, un Ghanéen nommé Father Ben, que l’adolescent produit ses premières notes. « J’allais chez lui le midi et le soir après les cours, explique Bil Aka Kora. Mais le premier contact n’a pas été facile. J’ai été fraîchement accueilli par les musiciens. La première fois, pour me décourager, ils m’ont donné une cassette de UB 40 et m’ont dit de revenir quand je saurai chanter le tube « Red Red Wine ». Eux-mêmes ne le jouaient pas, tant il était compliqué ! » Mais le jeune homme a de la suite dans les idées. En quinze jours, il apprend le morceau en l’écoutant sur le baladeur de son grand frère, réglé sur la position « ralenti ».
Bientôt, Bil se met à jouer lors des soirées organisées par son école. En terminale, il rejoint la capitale et intègre l’orchestre du lycée Philippe-Zinda-Kaboré, puis celui de l’université. « C’est là que j’ai découvert la batterie et la guitare électrique », se souvient-il.
Mais, à la fin de ses études, la future star ne ressent aucune attirance pour les mathématiques et les sciences physiques – les deux filières où il était inscrit en faculté. Il n’a qu’une idée en tête : chanter. Il se lance alors dans la tournée des maquis. L’artiste a beau régulièrement voler la vedette aux groupes invités, personne ne l’a encore remarqué. Entre l’appartement de son cousin et celui de Sam Zongo, un ami qu’il a connu à l’université, c’est un peu la vie de bohème. Sa tante essaie d’ailleurs de l’inciter à devenir stewart. Quant à son père, tailleur et cultivateur au village, il aimerait bien un coup de main du fiston à l’atelier ou dans les champs, au lieu de le voir « traîner à Ouaga ». Mais la persévérance de Bil finit par payer : en 1997, il remporte le Grand Prix de la chanson moderne organisé par le ministère de la Culture. Un véritable tremplin…

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Grâce à l’enveloppe qu’on lui décerne et au ?soutien de l’ambassade de France, le chanteur finance son premier album. Douatou sort sur cassette au début de l’année 1999 et se vend à 15 000 exemplaires. Suivront deux autres opus, sur CD cette fois : Ambolou en 2001 et Dibayagui en 2004. Ils permettront à leur auteur d’être récompensé par le Kundé d’or du meilleur artiste de l’année, en 2002 et 2005, et de se lancer dans plusieurs tournées. L’ultime consécration arrive en janvier dernier : sa chanson « Dibayagui », plébiscitée par le public, reçoit le « Clip d’or » de l’année 2005.
Aujourd’hui, Bil Aka Kora met aussi son talent au service du septième art et de la publicité. Après avoir prêté son image à la marque de motos JC, joué un rôle au cinéma dans le film Sofia de Boubacar Diallo et fait plusieurs apparitions dans la série télévisée Commissariat de Tampy, Bil Aka Kora va réaliser la bande originale du prochain long-métrage d’Issa Traoré de Brahima. Bref, ça tourne pour lui !

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