Mali : la transition au centre d’un bras de fer entre le Mouvement du 5 juin et les militaires
Le Mouvement du 5 juin, qui a été à l’avant-garde de la contestation contre le président Ibrahim Boubacar Keïta et considère que la junte a parachevé sa lutte, s’est-il fait voler la victoire ? Entre les deux, le débat sur la forme que doit prendre la transition se fait âpre.
« Vive l’armée malienne ! », « Vive le CNSP ! » Mardi 8 septembre, des centaines de personnes se sont de nouveau rassemblées sur la place de l’Indépendance, à Bamako, qui fut l’épicentre de la contestation populaire menée par le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) contre Ibrahim Boubacar Keïta.
Comme ce fut le cas dès les premières heures du coup de force du 18 août, les manifestants ont scandé des slogans saluant la prise du pouvoir par les militaires. À ceci près qu’ils brandissaient cette fois des portraits du colonel Assimi Goïta, le président du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), et que sur les pancartes l’on pouvait lire : « Une transition dirigée par l’armée ».
Changement de discours
Trois semaines après le putsch, et alors que la junte s’installe chaque jour un peu plus dans la gestion du pouvoir, multipliant les nominations à certains postes clés après avoir publié un « acte fondamental » faisant d’Assimi Goïta le chef de l’État, le discours du CNSP a sensiblement évolué, tant sur le calendrier que sur la forme que prendra la transition.
Bien que soumise aux pressions de la Cedeao, la junte évoque désormais une transition de plus d’un an, dirigée par un militaire, alors même qu’elle avait promis une « transition politique civile » la plus courte possible lors de sa première prise de parole publique.
Ce changement de discours est à l’origine de tensions entre les putschistes et le M5-RFP, qui a réclamé pendant des mois la démission de l’ancien président. Et, tandis que les leaders du mouvement continuent de se présenter comme l’« allié principal » du CNSP, les militaires s’efforcent de les maintenir à équidistance des autres partis et organisations de la société civile. Quitte à créer des frustrations.
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