Ce que le Tchad reproche à son ancien ministre du Pétrole
Djerassem Le Bemadjiel a été mis en examen par un juge de la Cour suprême du Tchad. Il est accusé de détournement des revenus pétroliers.
Interpellé le 3 septembre 2020 au retour de voyage à l’étranger, Djerassem Le Bemadjiel ministre du Pétrole du Tchad de janvier 2013 à août 2016, devra répondre d’accusations de « détournement de deniers publics », d’« utilisation illicite des biens de l’État », de « corruption », d’« atteinte à la fortune publique », d’« abus de confiance », d’« enrichissement illicite », de « complicité de détournement de deniers publics » et d’« entrave au bon fonctionnement de la justice ».
Tels sont les chefs d’inculpation dont devra répondre l’ancien ministre, et mis en examen par un juge de la Cour suprême le lendemain de son arrestation.
La machine judiciaire a été enclenchée le 18 août, par Mahamat Al-Manssour Abdel-Roudjal pour le compte de l’Inspection générale d’État.
Près de 17 millions de dollars d’honoraires à un cabinet américain
Dans la plainte , que JA a pu consulter, les inspecteurs écrivent par exemple que « l’ex-ministre a systématiquement autorisé le paiement de vingt-cinq factures d’un montant cumulé de 16 900 000 dollars à titre d’honoraires au cabinet Alex Stewart International et ce, en flagrante violation des dispositions contractuelles ».
En pointant du doigt les relations entre le ministère du Pétrole et ce cabinet de droit américain qui a travaillé avec un cabinet de droit camerounais, Cac (Cameroun audit conseil), les auteurs de la plainte cherchent à orienter l’instruction vers le scandale de détournement des revenus pétrolier révélé en juin 2017 par l’ONG Swissaid dans un rapport intitulé Tchad SA.
« Vices de procédure »
Mais depuis son interpellation, l’ancien ministre et ses avocats se montrent sereins. « Ce sont des accusations auxquelles il a déjà fait face par le passé. Depuis son départ du ministère du Pétrole, il a dû répondre à dix missions de contrôle sur les mêmes accusations. Rien de nouveau », confie ainsi Me Doumra Manassé, un de ses avocats.
Les auditions qui devaient commencer en début de semaine ont été repoussées à vendredi, le temps pour les avocats d’étudier le fond du dossier.
Mais ceux-ci pointent d’ores et déjà des vices dans la procédure : un mandat d’amener « illégal » puisque leur client « n’a jamais refusé de donner suite à une convocation », ou encore le fait que le rapport qui sert de base aux accusations « n’a pas respecté le principe du contradictoire qui voudrait que le mis en cause réponde aux enquêteurs ». Autant de points qu’ils ne manqueront pas de relever.
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