Position stratégique

Publié le 15 mars 2004 Lecture : 3 minutes.

La Tunisie est séparée de l’Europe par un détroit de… 140 km. Si proche de l’Italie avec laquelle elle partage une grande frontière maritime, elle est au centre de la Méditerranée. Les distances ne représentent plus de réels obstacles pour les touristes, hommes d’affaires ou voyageurs en transit : le pays est à moins de deux heures d’avion de Rome, Barcelone, Casablanca, Alger, Marseille, La Valette ou Tripoli, à moins de trois heures de Paris, Londres, Francfort, Bruxelles, Madrid ou Le Caire. Il est à la croisée des routes maritimes qui traversent la Méditerrannée… d’est en ouest et du nord au sud, du Liban au détroit de Gibraltar, du golfe de Syrte à la mer des Baléares.

Cette position stratégique, les Tunisiens en ont fait un capital… Ce sont eux qui, dans la région, ont les premiers exploité à fond le filon de l’exportation hors taxes ou de l’outsourcing, le terme désormais à la mode pour parler des investissements en quête des meilleurs rapports qualité-prix – qualité des ressources humaines et coûts des facteurs de production.
Jusqu’à la fin des années 1960, la Tunisie dépendait pour ses devises de quelques produits primaires : phosphate, agrumes, vin, huile d’olive et alfa (pâte à papier). Son « génie » lui a permis de braver en 1970-1972 les pesanteurs politiques et sociales afin d’ouvrir les portes aux investisseurs privés tunisiens et étrangers pour qu’ils construisent des usines destinées à satisfaire les besoins locaux et à exporter. Ces dispositions, très contestées à l’époque par la centrale syndicale unique, ont permis de donner du travail à des millions de Tunisiennes et de Tunisiens. Et ont ainsi donné naissance à une forte classe moyenne. Le développement ultérieur du tourisme et de quelques nouvelles découvertes pétrolières est venu consolider les choix de feu le Premier ministre Hédi Nouira (1911-1993), qui a conduit le gouvernement du pays de 1970 à 1980.
Le socle industriel est aujourd’hui riche de près de 6 000 entreprises, dont la moitié savent vendre à l’étranger. Qu’il pleuve ou non, la valeur ajoutée industrielle progresse en moyenne de 10 % par an (elle est estimée à 16 milliards d’euros pour 2003). Plus de 90 % des exportations sont fournies par les industries, et pas seulement celles du textile ou du cuir. La chimie, l’électroménager, l’électronique et les pièces automobiles en représentent le tiers.
C’est une tradition bien ancrée que de faciliter au maximum l’accueil des partenaires étrangers, l’objectif étant de raccourcir les délais, de réduire les premiers frais et d’accélérer le processus de décision. À l’ère de l’Internet, des « portails virtuels » complètent le travail des institutions existantes. Je vous en conseille deux qui vous ouvriront des horizons : www.tunisianindustry.nat.tn et www.investintunisia.com.
Ce n’est donc pas pour rien que la Tunisie se classe parmi les pays les plus compétitifs sur le plan des infrastructures, des coûts de production, des services et des ressources humaines (la presque totalité des jeunes en âge d’être scolarisés le sont, 303 200 étudiants fréquentent 150 établissements supérieurs, moins de 4 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté).

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Ces progrès indéniables sont encore à leurs débuts. Que représente, en effet, une trentaine d’années de développement économique continu dans la vie d’un pays ? Comment rendre ces progrès irréversibles ? La croissance économique n’étant pas une finalité en soi, comment passer à un stade supérieur d’épanouissement intellectuel, social et politique ? Le prochain Sommet mondial de la société de l’information(*), initié, faut-il le rappeler, par la Tunisie en 1998 et dont la prochaine édition se tiendra du 16 au 18 novembre 2005 à Tunis, apportera sans doute des réponses à ces questions.

* Pour plus d’informations sur les enjeux de ce sommet : www.smsitunis2005.org et www.itu.int/wsis

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