Pierre-André Wiltzer : « Le gouvernement français n’y est pour rien. »

Publié le 15 mars 2004 Lecture : 2 minutes.

Interrogé par J.A.I. sur le rapport du juge Bruguière et sur les accusations des autorités rwandaises contre le gouvernement français – lequel serait, selon le président Kagamé lui-même, directement impliqué dans l’élaboration et la divulgation partielle de ce document -, le ministre délégué à la Coopération, Pierre-André Wiltzer, nous a fait la réponse suivante :
« Sur le contenu même de ce rapport, je n’ai aucun commentaire à fournir, si ce n’est pour m’étonner, une fois de plus, de la facilité avec laquelle le secret de l’instruction d’une affaire en cours de procédure a été transgressé. Pour le reste, il faut être clair. Le gouvernement français n’est en rien impliqué dans cette publication, et l’enquête du juge Bruguière a été menée de façon totalement indépendante de l’exécutif. Je n’étais absolument pas au courant de la teneur de ce rapport, dont j’ai découvert des extraits en lisant la presse. En France, la séparation des pouvoirs est une règle démocratique stricte et strictement appliquée. Même si certains de nos amis à l’étranger, et particulièrement en Afrique, ne le comprennent pas toujours, c’est ainsi. Et c’est une bonne chose. »
Quelle sera l’attitude des autorités françaises si le parquet de Paris, saisi par le magistrat instructeur, lance des mandats d’arrêt internationaux à l’encontre de dirigeants rwandais ? « Dans la logique de ce qui précède, répond Pierre-André Wiltzer, le gouvernement demeurera à l’écart et n’interférera pas dans la procédure. » Tout en précisant que Paris envisage d’envoyer « une personnalité de haut niveau dont le nom n’a pas encore été choisi » pour représenter la France aux cérémonies du dixième anniversaire du génocide, début avril, à Kigali, le ministre délégué à la Coopération estime qu’il convient d’« écrire une nouvelle page » dans les relations franco-rwandaises. « C’est désormais aux historiens de porter des jugements sur le drame de 1994. Il ne faut certes pas oublier le génocide, ni les leçons qu’il convient d’en tirer. Le travail de mémoire doit s’accomplir. Mais il faut également se tourner vers l’avenir. Nous n’allons pas éternellement nous interroger et nous renvoyer la balle sur les responsabilités des uns et des autres, sur ce qu’ont fait alors ou n’ont pas fait les différents acteurs, pays étrangers ou organisations internationales. Dix ans après, il faut aller de l’avant. » Un volontarisme qui, en la matière, ne semble pas pour l’instant partagé à Kigali.

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