Mille et une subtilités

L’anthropologue et psychanalyste Malek Chebel, né en 1953 à Alger, est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages dans lesquels il montre la richesse et la diversité de lacivilisation arabo-musulmane. Le dernier en date, qui embrasse une multitude de thèmes, a

Publié le 16 mars 2004 Lecture : 2 minutes.

Baraka
Le mot baraka, qui signifie bénédiction ou grâce divine, est entré dans la langue française. Il désigne toute situation subite d’enrichissement (la notion d’enrichissement fait partie des acceptions du mot arabe), toute réussite ou succès qui auraient été impossibles sans ce petit plus de magie qui caractérise les moments exceptionnels de la vie, la bonne conjonction des planètes. Ainsi est considérée comme une baraka la moindre
faveur de circonstance, pour peu qu’elle réponde à deux critères : être inexpliquée et relever d’une force surnaturelle. Parmi les formules de politesse que les musulmans se disent lorsqu’ils se rencontrent, l’expression « Que Dieu vous rende bénéfique votre journée/vos biens » revient le plus souvent. Lorsqu’un cheikh dit à son interlocuteur :
« Baraka Allahu fik », cela signifie qu’il lui accorde toute son amitié, sa confiance et que son geste mérite considération. C’est véritablement une formule d’admiration. Lorsqu’un paysan fait une récolte exceptionnelle, son entourage lui dit : « C’est Dieu
qui a fait fructifier ton bien » (baraka Allahu rizquka).
La bénédiction divine s’exprime également à travers les enfants. Lorsqu’ils sont beaux et qu’ils réussissent à l’école, cela veut dire que la famille est touchée par la grâce divine. En effet, dans la conception musulmane, le Dieu amour version chrétienne est surtout un Dieu bienfaisant, généreux et miséricordieux. Au fond, la baraka n’est rien
d’autre que l’expression du désir divin traduit dans le vocabulaire des hommes. C’est ainsi que Dieu regarde avec bienveillance Sa création.

Basmala
La basmala est la formule rituelle que les musulmans prononcent avant leurs ablutions et leurs prières. Il s’agit d’une prescription coranique qui rappelle l’engagement du croyant et sa foi. Cette Bism-Allah, littéralement « Au nom de Dieu », clément et miséricordieux, est également prononcée au début de chaque repas. Les voyageurs, les
pèlerins, les commerçants et tous ceux qui sont amenés à faire des affaires, partager, donner ou recevoir, prononcent cette formule en vue d’obtenir la faveur du ciel. L’immolation d’une bête requiert, elle aussi, la basmala. Le coryphée des anges protège
alors la personne de tout risque et de toute attaque maléfique, le nom de Dieu ayant cette vertu de repousser Satan. Contrer l’attaque du démon est un acte héroïque dans l’esprit musulman car Satan incarne l’insoumission à Dieu et un refus manifeste de la croyance. Les musulmans prononcent la formule également pour se protéger contre la magie noire, la jettatura, et la machination d’éventuels adversaires. Jaloux du bonheur de leur victime, ces mécréants sont tapis dans l’ombre et attendent le moindre oubli, la moindre omission de la basmala pour fondre sur elle, car elle est sans défense.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires