Mill avait tort (et le cochon avait raison)
Une dépêche d’agence tombe sur mon bureau, inattendue et réjouissante : McDonald’s a décidé de supprimer les plus grosses portions de son menu. Cette mesure n’est d’ailleurs
valable qu’aux États-Unis. Normal : là-bas, le plus petit hamburger est déjà plus gros que le plus épais des étouffe-chrétien de Paris ou de Londres. Quant à la fameuse hyper-super-deluxe-portion disponible aux States, il paraît qu’on la sert dans une brouette, carrément.
La décision de McDonald’s se comprend. On rencontre dans les rues de Chicago ou de Washington des types tellement gros qu’il vaut mieux, si on est pressé, sauter par-dessus eux que de les contourner. Grosse bouffe et sédentarité aidant, c’est pas moins de 70 % de la population américaine qui est en surcharge pondérale, comme disent les médecins. À propos de sédentarité, je me souviens de ce dialogue récent avec mon ami John Blubby, à New York :
– Tiens, tu t’es mis à rouler toi-même tes cigarettes ?
– Ouais, mon médecin m’a recommandé de faire de l’exercice physique.
Bref, McDonald’s. Évidemment, la mesure annoncée est un leurre subtil. Le Yankee adipeux, même nul en maths, sait très bien qu’il peut remplacer une hyperportion celle qui vient
d’être supprimée – par deux mégaportions. Il y gagne même, au plan calories. Et McDo engrange quelques dollars de plus.
Tout cela ne serait qu’anecdotique si l’on n’avait pas lu, le matin même pure coïncidence – un texte de John Stuart Mill dans lequel ce dernier affirme qu’un homme, même mécontent, même insatisfait, même frustré, est quand même plus heureux qu’un cochon, fût-ce un cochon comblé. On ne voit pas très bien comment l’ami Mill a pu mesurer le bonheur du « cochon comblé », mais passons. Ce qui est remarquable, c’est que sa théorie, qui date de 1863, affirme exactement l’inverse de ce qui semble être devenu le credo de l’Amérique et de McDonald’s réunis, à savoir que l’idéal du bonheur est de bâfrer non-stop et de gonfler au prorata. Bref, le cochon est l’avenir de l’homme, le porc son horizon indépassable. Et au diable Mill et sa philosophie désuète.
Dès lors, on comprend mal pourquoi Washington a peur de l’islam. S’il y a quelqu’un dont une nation de verrats n’a rien à craindre, c’est bien le musulman. Pour rien au monde, il ne toucherait à cette bestiole impure
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