Jeudi noir

Publié le 15 mars 2004 Lecture : 2 minutes.

Madrid, jeudi 11 mars, 7 h 39 du matin. À pareille heure, les trains de banlieue arrivant
dans la capitale sont bondés, acheminant comme chaque jour ouvriers, employés, étudiants, immigrés Soudain, l’horreur : dix déflagrations retentissent quasi simultanément. Dix
bombes viennent d’exploser dans plusieurs trains : sept à la gare centrale d’Atocha, en
plein cur de la capitale, une autre dans la gare de Santa Eugenia, et deux dans celle du Pozo, en banlieue. Bilan au 12 mars : 198 morts et 1 400 blessés. D’ores et déjà, cette action terroriste peut être considérée comme la plus meurtrière jamais commise sur le sol européen. Pour l’Espagne, c’est l’attentat le plus sanglant de son histoire. Mais ce carnage aurait pu être plus grave encore si les policiers n’avaient découvert d’autres sacs à dos bourrés d’explosifs et ne les avaient fait exploser eux-mêmes. Une opération répétée six fois.
Après avoir immédiatement attribué l’attentat à l’organisation séparatiste basque ETA, le gouvernement a fait savoir, par la bouche du ministre de l’Intérieur Angel Acebes, qu’aucune piste n’était écartée. Allusion à l’hypothèse d’une action islamiste, évoquée le matin après la découverte, dans un fourgon près de Madrid, d’une cassette en arabe et de sept détonateurs. Le soir même, le journal Al-Quds al-Arabi, édité à Londres, annonçait qu’il venait de recevoir un communiqué d’el-Qaïda revendiquant les attentats. Pour insuffisants que soient les indices accréditant l’hypothèse islamiste, l’Espagne constitue de fait l’une des cibles de l’organisation de Ben Laden à cause de sa participation active à la guerre en Irak. Autre élément donnant à penser qu’il pourrait
s’agir d’une attaque islamiste, le caractère aveugle et massif de l’opération.
Certains se demandent d’ailleurs si l’ETA, après des années de traque, d’arrestations et de démantèlement de ses réseaux financiers, était encore capable d’organiser un attentat d’une telle ampleur. Certes, un sursaut ou un brutal changement de stratégie est toujours possible. D’autant que le pays était à la veille d’élections législatives, que le terrorisme basque a toujours frappé en période électorale, et, fait troublant, que les explosifs correspondent à ceux utilisés par l’ETA.

Quoi qu’il en soit, il ne fait guère de doute que le Parti populaire de José María Aznar et de Mariano Rajoy, son probable successeur à la tête du gouvernement, sortira renforcé de cette épreuve. Dans les urnes comme dans la rue. Car il avait fait de la lutte contre le terrorisme sa priorité absolue. Après la douleur, la colère gronde déjà, un peu partout en Espagne, contre l’ETA et les terroristes de tout poil.

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