Il était une fois La Baule

Publié le 15 mars 2004 Lecture : 2 minutes.

Toutes proportions gardées, le projet américain de Grand Moyen-Orient (GMO) et les réactions de rejet qu’il suscite chez certains dirigeants arabes ne sont pas sans rappeler le contenu et les conséquences du désormais célèbre « discours de La Baule », prononcé il y a près de quatorze ans par François Mitterrand à l’usage du pré carré africain de la France. Pour la première fois, à l’occasion de sa traditionnelle allocution d’ouverture de la conférence des chefs d’État de France et d’Afrique, un président français liait explicitement l’octroi de l’aide aux efforts de démocratisation des pays demandeurs. C’était le 20 juin 1990 au matin, et cette « leçon » mitterrandienne suscita un vent de fronde semblable à celui que vient de déclencher, chez les alliés arabes de l’Amérique, le programme GMO. Les arguments étaient les mêmes – pas de « démocratie clés en main », pas de « schémas importés », attention aux risques de « chaos » et de « déstabilisation ». Avec Omar Bongo, Mobutu Sese Seko, Hissein Habré, Gnassingbé Eyadéma et surtout Hassan II dans les rôles de Moubarak, Abdallah II, Fahd ou Saleh. « Les pays ne meurent jamais de pauvreté, mais ils peuvent mourir de honte », avait ainsi déclaré le roi du Maroc pour bien signifier l’humiliation que leur infligeait cet ultimatum dont, pas plus que les Américains aujourd’hui, les Français n’avaient alors prévenu leurs amis. Tous les chefs d’État africains présents à La Baule avaient alors en tête une image traumatisante : celle des corps fusillés du dictateur roumain Nicolae Ceaucescu et de son épouse Helena, renversés six mois plus tôt. Tous leurs homologues du GMO en ont désormais une autre, gravée à jamais dans leur mémoire : celle de Saddam Hussein offert à ses geôliers comme un mouton de l’Aïd. Reste que, du discours de La Baule au projet du GMO, il y a tout de même une différence de taille. Le premier, contrairement au second, n’était sous-tendu par aucun intérêt économique particulier et ne reposait sur aucune politique de la canonnière.

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