Au Yémen, la communauté noire piégée entre la misère et la guerre

Les Noirs sont plusieurs millions dans ce pays souvent présenté comme le berceau de l’arabité. Et la grave crise politique qui y sévit depuis 2015 a encore aggravé leur sort, déjà peu enviable.

Les conditions de vie des Noirs au Yémen se sont dégradées avec le conflit. © MOHAMMED HUWAIS/AFP

Les conditions de vie des Noirs au Yémen se sont dégradées avec le conflit. © MOHAMMED HUWAIS/AFP

Publié le 15 septembre 2020 Lecture : 7 minutes.

La guerre au Yémen est entrée dans sa cinquième année. Des dizaines de milliers de civils sont morts, 3 millions de Yéménites ont fuir leur foyer et 80% de la population dépend de l’aide humanitaire. Sans compter l’épidémie du Covid-19, arrivée dans le pays mi-avril, près de 15 % de la population présente au moins un handicap causé par la guerre ou un manque de soins.

La communauté noire des muhammashin (les marginalisés) est la première à souffrir d’une telle conjoncture. Ceux qu’on appelle aussi péjorativement les akhdam (« serviteurs ») représentent entre 5 % et 12 % de la population yéménite, soit entre 1,5 et 3,5 millions d’individus. Mariages mixtes, hautes fonctions publiques, évolutions sociales, opportunités d’emplois, postes politiques, représentations dans les médias : les muhammashin en sont privés.

Système de caste

Au Yémen, règne depuis plusieurs siècles un système de caste à échelon unique où le citoyen noir n’accède à aucune strate supérieure de la société. Dans les grandes cités comme Aden, ils sont majoritairement affectés à la collecte des déchets.

Avec leurs gilets aux couleurs vives, ils sillonnent chaque quartier pour vider les poubelles et regagnent, tels des fantômes, dans leur propre pays, les bidonvilles qu’ils occupent aux abords des grandes villes. Bien qu’indispensable, la profession perçue comme impure et sale, est la plus dévalorisée.

Les non-noirs ne nous acceptent pas. Ils ne nous permettent pas de manger avec eux ni de nous mêler à leurs groupes

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