Coton : pénurie et controverses

Publié le 15 mars 2004 Lecture : 2 minutes.

Faute d’un approvisionnement suffisant, la plupart des usines ivoiriennes d’égrenage du coton tournent au ralenti, alors que la campagne, qui a débuté au mois de janvier, devrait actuellement battre son plein. À en croire l’Union régionale des entreprises coopératives de la zone des savanes de Côte d’Ivoire (Urecos-CI), qui rassemble 150 000 producteurs, la récolte 2003-2004 ne devrait pas dépasser 200 000 t, au lieu des 400 000 t habituelles. La capacité d’égrenage avoisine 600 000 t(*). Cette pénurie exacerbe la rivalité entre les entreprises de transformation, surtout entre l’Urecos-CI et ses concurrents. Forte d’un solide réseau de planteurs, l’organisation paysanne espère enlever auprès de ses membres près de 100 000 t de coton pour alimenter son usine et celle de son partenaire, la FTG-Cotivo.
Pour l’heure, la collecte a pris un sérieux retard, les sociétés d’égrenage étant incapables de sécuriser les opérations de paiement. Et comme la plupart des planteurs n’acceptent de livrer le fruit de leur travail qu’en échange d’espèces sonnantes et trébuchantes, les évacuations de coton sont très réduites.
« Toute transaction financière est impossible dans la zone contrôlée par les Forces nouvelles (ex-rebellion), explique Signo Kouamé, responsable de la production de LCCI. Nous virons donc l’argent des producteurs les mieux organisés sur des comptes à Abidjan. » Au sommet de l’immeuble de la Caistab, siège du ministère de l’Agriculture, on s’efforce de remédier au problème. « Pour favoriser la reprise des circuits financiers, nous prenons des dispositions pour mettre en place dans le nord du pays des « guichets-trésor » rassemblant les différentes représentations des banques nationales, explique un haut cadre du ministère. Ces structures seront surveillées par les forces françaises de l’opération Licorne. »
En attendant, les querelles au sein de la filière se multiplient. À Korogho, les responsables de l’Union des coopératives agricoles de Côte d’Ivoire (Ucoopag-CI) – ce groupement de producteurs assurerait environ 10 % de la production nationale – accusent leurs rivaux de l’Urecos-CI d’orchestrer des « fuites » de coton ivoirien vers le Mali et le Burkina. Ce que Soro Seydou, le directeur de l’Urecos, conteste formellement. Quelques opérations de détournement ont bien lieu, mais elles seraient le fait d’initiatives individuelles. Pourquoi son organisation détournerait-elle la production, plaide-t-il, alors qu’elle en a besoin pour alimenter ses usines d’égrenage ?

* Les opérateurs présents en Côte d’Ivoire sont la LCCI (filiale du groupe Aiglon, détenu par Cheickna Kagnassi), Ivoire Coton (filiale du groupe IPS, propriété de l’Aga Khan), la Compagnie ivoirienne pour le développement des textiles (CIDT), Sicosa (filiale de l’Urecos-CI) et la FTG-Cotivo (dont l’Urecos-CI a récemment acquis 35 % des parts).

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