Littérature jeunesse : quatre histoires africaines à lire avant d’aller dormir
Malgré quelques clichés récurrents, les publications jeunesse consacrées à l’Afrique se réinventent : elles stimulent l’imagination tout en parlant de solidarité et de protection de l’environnement.
Il n’est jamais trop tôt pour plonger son nez dans les livres et ouvrir les yeux sur le monde qui nous entoure. En dépit des moments difficiles qu’il connaît, le secteur de l’édition continue, en France, de proposer une grande variété d’albums pour les plus petits. L’Afrique, merveilleux réservoir d’histoires, est toujours présente d’une manière ou d’une autre dans la production.
Certes, les esprits chagrins regretteront une surabondance des légendes anciennes et des références constantes aux animaux de la jungle, mais il serait dommage de bouder son plaisir quand textes et images stimulent l’imagination, encourage à la solidarité et à la protection de l’environnement. Alors ne nous privons pas, voici une sélection de quatre ouvrages à lire en famille, le soir, avant de s’endormir.
- Pour les tout-petits
Les éditions Rue du monde sont connues depuis des années pour leurs publications engagées, notamment en faveur de l’accueil des migrants. Avec Salut les p’tits amis ! elles proposent aujourd’hui « un livre pour apprendre à compter et à être solidaire » signé Hollis Kurman pour le texte et Barroux pour les illustrations.
Il fallait oser : apprendre aux enfants à compter jusqu’à 10 en racontant l’histoire d’une mère et de ses trois enfants africains contraints de quitter leur pays pour rejoindre ce que l’on devine être l’Europe.
L’histoire commence ainsi : « Comment faire quand tout devient inquiétant dans notre village et qu’il nous faut partir? Restons bien ensemble, comptons jusqu’à dix et, bientôt, tout ira mieux ». Et le récit, épuré et émouvant, débute avec « 1 bateau qui va nous aider dans notre grand voyage » et s’achève à « 11, une véritable équipe de foot. »
Les Editions des éléphants proposent de leur côté un livre malin et sautillant : Bintou la casse-cou signé Atinuke pour le texte et Angala Brooksbank pour les illustrations.
L’héroïne est évidemment Bintou, qui adore courir après les poules pour les attraper. Finit par arriver ce qui devait arriver : Bintou grimpe dans un baobab à la poursuite d’un gallinacé particulièrement habile, glisse et se tord la cheville en tombant. Comment va-t-elle faire désormais pour courser les bestioles ?
Au-delà de l’histoire, qui fera rire les plus petits, ce livre offre quelques superbes illustrations de la vie de village.
- Pour les 4-7 ans
Dans un style différent, les mêmes éditions ont osé publier sous le titre Le collier magique une histoire où il est question d’un « monticule d’excréments » produit par un hippopotame. Imaginez la taille de la chose et sa représentation dans un livre pour enfants ! Mais parler caca ne les dérange pas, en général.
Et pour convaincre les parents, plus prompts à se boucher le nez, on précisera que le texte est signé Souleymane Mbodj, conteur et musicien sénégalais, et que les illustrations vivement colorées sont de la Togolaise Magali Attiogbé.
Seul petit regret dans ce bel album : si sa crotte géante est plutôt bien rendue, l’hippopotame ne ressemble pas trop… à un hippopotame.
- Pour les 7-12 ans
De crotte il est aussi question dans Au secours des Animaux d’Afrique – Missions dans la Brousse, écrit par Tangi Salaün et joliment illustré par Christophe Merlin, aux éditions Actes Sud. L’on apprend ainsi que l’éléphant est une espèce clef de voûte de la biodiversité « car il mange beaucoup de fruits ».
« À cause de sa digestion rapide, les graines n’ont pas le temps de se dissoudre dans son estomac et elles sont donc souvent intactes dans ses excréments, comme la plupart des végétaux d’ailleurs, explique Salaün. […] Le bousier joue un rôle essentiel non seulement pour disperser les graines, mais aussi pour nettoyer la savane. Vu qu’un éléphant ne digère que la moitié de ce qu’il mange, il crotte énormément. Un chercheur s’est amusé a calculer que sans les bousiers, la savane serait ensevelie sous six mètres d’excréments […] Les bouses des éléphants servent aussi de garde-manger aux oiseaux, écureuils ou singes. »
On l’aura compris, le récit de cet écovolontaire ayant effectué plusieurs séjours auprès de rangers en Afrique du Sud offre l’occasion d’en apprendre un peu plus sur les différents animaux de la savane, des fameux « Big Five » au plus discret oryctérope.
Écrit de manière enlevé, le texte fourmille de détails peu connus permettant d’aller au-delà du simple manifeste écologiste pour la protection des rhinocéros, pangolins et éléphants. Ainsi peut-on lire à propos de ces derniers : « Leur trompe fait à elle seule une centaine de kilos et comporte plus de 100 000 muscles. Quand tu penses qu’il n’y a que 600 muscles dans le corps d’un être humain… Avec cet outil à la fois puissant et précis, l’éléphant peut aussi bien casser une énorme branche que saisir délicatement une minuscule brindille. »
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