Paul Derreumaux : « La situation actuelle pourrait rapidement asphyxier le Mali »
L’économiste et ancien banquier compte sur une levée prochaine des sanctions mises en place par la Cedeao et appelle à engager des réformes de fond pour sortir le pays de la crise.
C’est un très bon connaisseur du Mali, pays où il vit et où il a fondé, en 1982, ce qui deviendra le mastodonte bancaire Bank of Africa (BOA). S’il a quitté depuis 2019 toutes ses fonctions non exécutives au sein de BOA, Paul Derreumaux en demeure le président d’honneur. Et il poursuit ses activités d’administrateur de sociétés dans différents secteurs (banque, télécoms, hôtellerie, finance).
Membre du conseil d’administration de Cauris Management et président de sa filiale Yeelen Capital, il siège également aux comités d’investissement des fonds IPDEV 2 (d’Investisseurs & Partenaires) et Amethis.
En août, il a été l’un des rédacteurs d’une tribune collective, signée également par le patron de la chaîne hôtelière Azalaï, Mossadeck Bally, et d’autres personnalités maliennes, appelant à une « transition réussie au Mali ».
Alors que les négociations entre les chefs d’États des pays voisins (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, Cedeao) et les militaires maliens ayant conduit le coup d’État du 18 août se poursuivent pour parvenir à un accord sur sur la transition et la fin des sanctions financières contre le Mali, Paul Derreumaux souligne les difficultés économiques du pays, affaibli par la crise du coronavirus puis par les conséquences financières de la crise politique.
Appelant à associer le secteur privé à la construction de la transition, il met en avant quelques réformes clés pour sortir de l’ornière.
Jeune Afrique : Le Mali vit une double crise, celle née de la pandémie de coronavirus et celle liée aux conséquences du coup d’État. Dans ce contexte, le secteur privé parvient-il à maintenir ses activités ?
Paul Derreumaux : La situation n’est pas uniforme. Les activités les plus sensibles au confinement, comme l’hôtellerie et les agences de voyage, sont sinistrées. Les banques et les acteurs des télécoms, solides piliers de l’économie, résistent bien jusqu’ici, comme dans les pays voisins. Mais, ils pourraient être rapidement pénalisés si la crise se prolongeait.
Les exportateurs bénéficient de cours mondiaux très favorables, pour l’or, ou en nette reprise après l’effondrement du deuxième trimestre, pour le coton. Les industries locales, l’agriculture vivrière et le commerce sont, eux, dans une situation beaucoup plus délicate : malgré leurs capacités d’ajustement, notamment dans le secteur informel, ils subissent les conséquences négatives de la longue fermeture des frontières, des pertes d’emplois et de la baisse de nombreux revenus. Leur poids largement majoritaire dans le PIB du pays risque donc de faire reculer globalement celui-ci en 2020.
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