Avoir son siège à Tunis

Dotée d’infrastructures de communication modernes, la capitale accueille provisoirement la direction de la Banque africaine de développement et abrite également de nombreuses organisations régionales.

Publié le 16 mars 2004 Lecture : 5 minutes.

Au lendemain de la signature des accords de Camp David entre l’Égypte et Israël, en 1979, la Ligue arabe a connu l’une des plus graves crises de son histoire. Les chefs d’État arabes ont décidé de transférer le siège de leur organisation régionale du Caire à Tunis et de confier son secrétariat général à l’ex-ministre tunisien des Affaires étrangères, Chedli Klibi.
La Tunisie de Habib Bourguiba, qui avait vécu jusque-là en marge du monde arabe, s’est ainsi trouvée propulsée au coeur d’une région dominée par le nationalisme arabe et la revendication des droits du peuple palestinien.
En 1982, Israël a envahi le Liban et fait le siège du quartier général de l’OLP, à Beyrouth. À l’issue de longues tractations, Tunis a accepté d’accueillir Yasser Arafat et ses hommes. Le siège de l’OLP n’a pas tardé à être transféré, lui aussi, dans la capitale tunisienne, accentuant encore l’ancrage arabe du pays le plus occidentalisé de la région.
La Ligue arabe est retournée au Caire en 1990, non sans avoir laissé à Tunis trois de ses institutions spécialisées : l’Organisation arabe pour l’éducation, la culture, les sciences (Arab League Educational, Cultural and Scientific Organization, Alecso), l’Union de radiodiffusion des États arabes (Arab States Broadcasting Union, ASBU) et l’Agence arabe de l’énergie atomique (AAEA). En 1994, Yasser Arafat et les siens sont retournés, à leur tour, dans les Territoires palestiniens, mais l’OLP a gardé des bureaux dans la capitale tunisienne.
En plus des organisations panarabes déjà citées, Tunis abrite aujourd’hui plusieurs organisations régionales, comme l’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS) et la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Maghreb, mais aussi le siège « provisoire » de la première banque du continent : la Banque africaine de développement (BAD).

Alecso
L’Organisation arabe pour l’éducation, la culture, les sciences (Alecso) est une agence
interarabe chargée de développer et de coordonner les activités relatives aux domaines de l’éducation, de la culture et des sciences dans le monde arabe. L’Alecso chapeaute
plusieurs autres organismes régionaux, tels l’Institut des recherches et des études arabes (Le Caire), l’Institut des manuscrits arabes (Le Caire), le Bureau de coordination
de l’arabisation (Rabat), l’Institut international de la langue arabe (Khartoum) et le Centre arabe pour l’arabisation, la traduction, la création et la publication (Damas). Son
champ d’action couvre des domaines aussi divers que l’alphabétisation, la lexicologie, l’archéologie, les arts plastiques, l’architecture, la documentation, l’informatique, les
biotechnologies, la diversité biologique… Cette sorte d’Unesco à l’échelle du monde arabe publie également des dictionnaires unifiés dans les divers domaines des arts et
sciences et des périodiques spécialisés. Dirigée depuis deux ans par l’ancien ministre tunisien de la Culture, Mongi Bousnina, l’Alecso emploie 111 fonctionnaires permanents.
Son budget bisannuel s’élève à 17 millions de dollars provenant des contributions des 21 pays membres.

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ASBU
Créée à Khartoum, au Soudan, en 1969, l’Union de radiodiffusion des États arabes (ASBU)
a été transférée à Tunis en 1981. L’organisation réunit 21 établissements publics de radio et télévision et 27 établissements privés. Dirigée par le Tunisien Abdelhafid Hergam, ancien directeur général de l’Établissement de la radio et télévision tunisienne (ERTT), elle a pour mission de coordonner les activités des opérateurs audiovisuels arabes, soit 75 chaînes de télévision généralistes et 67 chaînes spécialisées.
L’ASBU négocie également les droits commerciaux pour la retransmission des grands événements sportifs et autres (achats groupés), représente les établissements membres au sein des organisations internationales, assure la formation continue des techniciens,
artistes et journalistes arabes opérant dans l’audiovisuel, et veille à la diffusion des nouvelles technologies de l’information dans les pays membres. L’organisme, dont le siège et la direction générale sont basés à Tunis, dispose de deux antennes, à Alger et à Damas. Il emploie près d’une centaine de personnes, dont une trentaine à Tunis.

OSS
L’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS) a été créé en 1992 et doit établir un partenariat Nord-Sud en vue d’une gestion durable des ressources naturelles dans la région, notamment pour lutter contre la désertification et la pauvreté. Il regroupe 21 pays africains limitrophes du Sahara, quatre pays européens, et plusieurs organisations
sous-régionales : l’Union du Maghreb arabe, l’Autorité intergouvernementale pour la lutte contre la sécheresse et pour le développement (Igad, Afrique de l’Est), le Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS, Afrique de l’Ouest), et la Communauté des États sahélo-sahariens (Comessa, ou Cen-Sad). Les Nations unies et des acteurs de la société civile y sont également représentés.
Établie à Tunis depuis 1999, l’OSS est dirigé par un ingénieur tunisien, Chedly Fezzani, dont le mandat s’achève dans un mois. Il emploie une vingtaine de personnes. La plupart,
des contractuels, sont recrutés sur les financements des programmes. D’autres sont mis à
la disposition de l’organisation par les gouvernements membres. Le budget de l’OSS était estimé à 970 000 euros pour 2004.

BAD
Le « siège statutaire » de la Banque africaine de développement (BAD) est toujours installé à Abidjan, en Côte d’Ivoire, depuis 1963. Mais l’intégralité des activités de la Banque a été transférée, depuis près d’un an, à Tunis, où l’institution occupe trois immeubles dans le centre-ville. Pourquoi cette « relocalisation » ? Dès le premier coup d’État en Côte d’Ivoire, en décembre 1999, le conseil d’administration, les agences de notation et les auditeurs externes ont demandé à la Banque de rechercher un site de secours, situé de préférence sur le continent africain et utilisable pour une durée
indéterminée. Treize pays ont posé leur candidature pour accueillir le « siège provisoire ». Dix ont été éliminés parce qu’ils ne répondaient pas aux critères fixés, dont la sécurité et les facilités de communication. Sur les trois restants, un consultant international basé à Londres a classé la Tunisie en premier, devant l’Égypte et l’Éthiopie.
L’opération de « relocalisation » a été préparée pendant deux ans et réalisée en trois mois. Elle a coûté près de 50 millions de dollars. « C’était le seul moyen pour assurer à la fois la sécurité du personnel et la survie de la Banque », assure aujourd’hui le
Marocain Omar Kabbaj, qui dirige l’institution depuis septembre 1995.
La Banque, qui emploie 1 200 salariés, dont la plupart ont été rejoints par leurs familles, gère chaque jour une trésorerie de 4 milliards d’euros, totalise près de 7,3 milliards d’euros d’emprunts sur les marchés internationaux et un portefeuille de prêts
de plus de 16,2 milliards d’euros. En emménageant à Tunis, l’institution a stimulé l’économie locale. Elle restera en Tunisie aussi longtemps que la situation en Côte d’Ivoire ne sera pas normalisée.

CICR-Maghreb
Officialisée par un accord de siège signé le 8 juin 1991 par l’organisation internationale basée à Genève (Suisse) et le gouvernement tunisien, cette délégation régionale du Comité international de la Croix-Rouge est opérationnelle depuis 1987. Ses activités couvrent la Libye, la Mauritanie, le Maroc, le Sahara occidental et la Tunisie.
Dirigée actuellement par le Suisse Harald Schmid de Gruneck, la délégation emploie 13 personnes, dont 10 nationaux. Elle coopère avec le Croissant-Rouge et uvre pour la
diffusion du droit international humanitaire au niveau des écoles, des universités et des académies militaires. Elle gère également le dossier des prisonniers de guerre marocains
détenus par le Front Polisario. La délégation publie, depuis fin 1999, un magazine d’information, L’Humanitaire Maghreb.

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