Mali : l’ancien président Moussa Traoré est décédé

Au pouvoir de 1968 à 1991, Moussa Traoré, qui avait été le tombeur de Modibo Keïta, le « père de l’indépendance », s’est éteint à Bamako à l’âge de 83 ans.

L’ancien président Moussa Traore à la cérémonie d’investiture du président Ibrahim Boubacar Keita, le 4 septembre 2013, à Bamako. © Emmanuel Daou Bakary pour JA

L’ancien président Moussa Traore à la cérémonie d’investiture du président Ibrahim Boubacar Keita, le 4 septembre 2013, à Bamako. © Emmanuel Daou Bakary pour JA

Publié le 15 septembre 2020 Lecture : 2 minutes.

L’ancien chef de l’État malien, Moussa Traoré, est décédé à la mi-journée, ce mardi 15 septembre, à Bamako, a appris Jeune Afrique de sources concordantes. Au pouvoir de 1968 à 1991, il était âgé de 83 ans.

Il avait fait irruption sur le devant de la scène politique malienne en novembre 1968. S’appuyant sur un mécontentement populaire grandissant à l’égard de Modibo Keïta, un groupe de jeunes officiers, dont faisait partie le lieutenant Moussa Traoré, renverse le « père de l’indépendance » malienne, le 19 novembre. Les putschistes mettent en place un Comité militaire de libération nationale (CMLN), qui abolit la Constitution et instaure un régime d’exception. D’abord président du CMLN, Moussa Traoré devient officiellement président de la République le 19 septembre 1969.

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Vingt-trois ans de règne

L’ambition du nouvel homme fort du Mali est-elle, comme il ne cesse de le clamer, la remise sur les rails d’une économie ruinée par la gestion collectiviste de Modibo Keïta et la restauration des libertés confisquées par le parti unique ? Pendant ses vingt-trois ans de règne, le général n’atteindra ni l’un ni l’autre de ces objectifs. Il mettra même en place un système encore plus répressif, ne tolérant aucune contestation et éliminant systématiquement ses rivaux. Moussa Traoré, qui a pris goût au pouvoir, s’y accroche.

À Bamako, la grogne monte, sur fond de revendications en faveur du multipartisme. Le 17 mars 1991, plusieurs partis et associations politiques défilent dans la capitale en mémoire d’un leader étudiant assassiné le 17 mars 1980. Quelques jours plus tard, le 22 mars, ces organisations contestataires mettent sur pied un Comité de coordination des associations et des organisations démocratiques, plus communément appelé « Mouvement démocratique ». Les manifestations sont réprimées dans le sang : 200 personnes ont été tuées pendant ces événements.

Le 26 mars 1991, plusieurs officiers montent un coup d’État, arrêtent Moussa Traoré et mettent en place un Comité de transition pour le salut du peuple dirigé par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré (ATT). Le désormais ex-président est emprisonné et condamné à mort en 1993. Son successeur, Alpha Oumar Konaré, commue sa peine en prison à la perpétuité puis le gracie finalement en 2002.

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Discret, refusant les demandes d’interviews, il coulait depuis des jours paisibles dans une villa de la capitale malienne, jouant occasionnellement les médiateurs.

Rencontre avec Assimi Goïta

Au début de la crise politique malienne, c’est chez lui que s’étaient retrouvés l’imam Mahmoud Dicko, figure des manifestations qui secouaient Bamako depuis le début du mois de juin, Ibrahim Boubacar Keïta, alors président, Boubou Cissé, son Premier ministre.

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Plus récemment, c’est Assimi Goïta, le chef du Conseil national pour le salut du peuple (CNSP), arrivé au pouvoir à la faveur du coup d’État du 18 août dernier, qui était venu lui rendre visite à son domicile. Moussa Traoré avait par la suite expliqué lui avoir prodigué des conseils.

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