Serge Degallaix

Il a découvert la Tunisie en auto-stop il y a quarante ans. En 2005, il a posé ses valises d’ambassadeur de France dans la capitale, où il défend une diplomatie de proximité.

Publié le 14 janvier 2008 Lecture : 2 minutes.

Moins flamboyant que son prédécesseur Yves Aubin de la Messuzière, plus arrangeant que son lointain devancier l’amiral Jacques Lanxade, que les Tunisiens avaient fini par considérer comme l’un des leurs, Serge Degallaix, en poste à Tunis depuis deux ans et demi, pratique une diplomatie de proximité. « Pragmatique », « concret », « proche du terrain », « à l’écoute » : les chefs d’entreprise tunisiens ne tarissent pas d’éloges sur Monsieur l’Ambassadeur. Les avis sont moins dithyrambiques du côté des dissidents, enclins à regretter sa discrétion dès que les « sujets politiques » émergent. Pour l’intéressé, c’est un mauvais procès : « Il y a ce que l’on voit, et ce que l’on ne voit pas, ce que l’on sait, et ce que l’on ne sait pas. C’est en instaurant la confiance, et en dialoguant dans la discrétion que l’on peut obtenir des résultats »
Originaire du nord de la France, Serge Degallaix, 60 ans, titulaire d’une maîtrise de sciences économiques, diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, énarque, a choisi le Quai d’Orsay par vocation, car il a toujours eu le goût de l’étranger. Son premier contact avec la Tunisie remonte à l’été 1968, pendant un tour de la Méditerranée en auto-stop. Ses premiers postes le conduisent au Cameroun et en Iran, où il assiste en spectateur privilégié à la Révolution de 1979. Et où il rencontre celle qui deviendra sa femme, Fatema. En 1989, il devient ambassadeur au Bangladesh. En 1996, il est nommé à Hanoi. En 2002, après la réélection de Jacques Chirac, il est appelé à Matignon par Jean-Pierre Raffarin, qui le choisit comme conseiller pour la diplomatie et les affaires stratégiques. Les deux hommes partagent la passion du métier d’élu local : Degallaix est conseiller municipal bénévole de Louhans, village rural de six cents âmes en Indre-et-Loire.

Les relations entre Paris et Tunis sont denses et anciennes. 550 000 Tunisiens vivent dans l’Hexagone et 25 000 Français sont installés en Tunisie. La population expatriée croît à raison de 10 % par an. Les échanges bilatéraux ont atteint 6,2 milliards d’euros en 2006. Proportionnellement à son nombre d’habitants, la Tunisie est le pays le plus aidé par la France. « Justement, précise Degallaix, l’axe majeur de mon action a consisté à montrer que tout n’allait pas de soi, afin d’éviter de tomber dans le piège de la banalisation. Mes interlocuteurs pouvaient parfois avoir le sentiment que l’on se satisfaisait de l’existant, et cela à un moment ou la présence de compétiteurs du Golfe, des Italiens et des Espagnols se faisait plus importante. J’ai mis l’accent sur l’éducation et la formation professionnelle, domaines correspondant aux besoins et attentes de nos amis tunisiens, et dans lesquels notre coopération est déjà ancienne. »
Infatigable avocat de l’assouplissement sélectif du régime des visas – l’ambassade en délivre 75 000 par an -, il est le seul représentant du corps diplomatique à avoir été coopté au sein de la commission nationale « Compétences et Talents », du nom de cette nouvelle carte de séjour de trois ans renouvelable créée par Nicolas Sarkozy et destinée aux migrants « susceptibles de participer de façon significative et durable au développement de la France et de leur pays ». Carte dont les deux premiers bénéficiaires sont tunisiens. Ils se sont vu décerner le précieux sésame samedi 29 décembre 2007, au cours d’une petite cérémonie organisée dans les jardins de la résidence de France, à La Marsa, dans la banlieue de Tunis.

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