Lamine Diack condamné à quatre ans de prison, dont deux ferme

L’ancien patron de l’athlétisme mondial Lamine Diack a été condamné mercredi à Paris à quatre ans de prison, dont deux ferme, pour son implication dans un réseau de corruption destiné à cacher des cas de dopage en Russie.

Lamine Diack, le 16 septembre 2020 à Paris, à la sortie de l’audience à l’issue de laquelle il a été condamné à quatre ans de prison, dont deux ans ferme. © Rafael Yaghobzadeh/AP/SIPA

Lamine Diack, le 16 septembre 2020 à Paris, à la sortie de l’audience à l’issue de laquelle il a été condamné à quatre ans de prison, dont deux ans ferme. © Rafael Yaghobzadeh/AP/SIPA

Publié le 16 septembre 2020 Lecture : 3 minutes.

Lamine Diack à Pékin le 21 août 2015. © Kin Cheung/AP/SIPA
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Affaire Lamine Diack : corruption et dopage dans l’athlétisme

Du Sénégal à la Russie en passant par Paris, l’affaire Lamine Diack secoue le monde du sport. L’ancien patron de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) fait face à des accusations de corruption pour lesquelles il comparaît à Paris du 13 au 23 janvier. Retour sur les dessous d’un dossier hors normes, entre sport, dopage, business et politique.

Sommaire

Lamine Diack a été reconnu coupable de corruption active et passive et d’abus de confiance et a été condamné à une amende maximale de 500 000 euros. Les avocats du Sénégalais ont immédiatement annoncé qu’il faisait appel, alors que Lamine Diack, âgé de 87 ans, est ressorti libre de la salle d’audience.

Parmi les six prévenus, la peine la plus lourde a été prononcée contre son fils, Papa Massata Diack, qui est resté à Dakar et avait refusé de comparaître au procès en juin : il a été condamné à cinq ans de prison ferme et un million d’euros d’amende et le tribunal a maintenu le mandat d’arrêt à son encontre.

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Concernant Lamine Diack, la peine est à la hauteur de la « gravité des faits de corruption qui vous étaient reprochés », a lancé la présidente de la 32e chambre correctionnelle, Rose-Marie Hunault, qui a jugé qu’il avait « gravement porté atteinte à la lutte contre le dopage » et « violé les règles du jeu de la compétition sportive ».

Dopage russe

L’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF, 1999-2015) et son fils de 55 ans, qui dirigeait le marketing à l’IAAF, étaient jugés parmi six protagonistes pour avoir permis de retarder, à partir de fin 2011, des procédures disciplinaires à l’encontre d’athlètes russes soupçonnés de dopage sanguin, dont certains avaient été sacrés aux JO de Londres-2012 (Kirdyapkin 50 km marche, Zaripova 3 000 m steeple) avant d’être déchus pour dopage.

Derrière cette indulgence, un deal rocambolesque, révélé par Lamine Diack lui-même durant l’enquête et confirmé par le tribunal : le renouvellement de contrats de sponsoring et de diffusion de l’IAAF avec la banque d’Etat russe VTB et la télévision publique RTR, ainsi que des fonds pour financer l’opposition au sortant Abdoulaye Wade lors de la présidentielle de 2012 au Sénégal. Durant le procès, Lamine Diack avait réfuté tout financement politique.

Les quatre autres acteurs du procès ont tous été condamnés : l’ancien chef de l’antidopage à l’IAAF, Gabriel Dollé, a écopé de 2 ans avec sursis et 140 000 euros d’amende, tandis que l’avocat Habib Cissé, qui conseillait Lamine Diack, a été condamné à trois ans de prison dont deux avec sursis et 100 000 euros d’amende.

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Deux responsables russes jugés par défaut, l’ancien président de la fédération nationale d’athlétisme Valentin Balakhnitchev et l’ancien entraîneur Alexeï Melnikov ont été condamnés respectivement à trois et deux ans de prison ferme, avec maintien du mandat d’arrêt à leur encontre.

Depuis la Russie, Valentin Balakhnitchev a aussi annoncé son intention de contester le jugement. « Ils m’ont privé de mon droit légal de me défendre, ils ont dit que je ne coopérais pas à l’enquête, ce à quoi je suis catégoriquement en désaccord », a-t-il dit à l’agence Ria Novosti.

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Un chèque de 300 000 euros

Au total, les six prévenus ont aussi été condamnés à verser 10,6 millions d’euros de dommages et intérêts à l’IAAF sur le volet corruption. Mais Lamine Diack et son fils ont aussi été condamnés pour avoir capté des sommes indues sur des contrats de l’IAAF avec des sponsors. Sur ce volet, ils ont été condamnés à payer 5,2 millions d’euros à la fédération internationale.

Durant le procès Lamine Diack avait concédé avoir donné l’ordre d’étaler les sanctions contre les Russes, une version confirmée par Gabriel Dollé. Mais pour eux, il en allait de la survie financière de l’IAAF, un argument qui n’a pas convaincu le tribunal. « À aucun moment vous n’avez remis en cause cette décision », a lancé la présidente du tribunal à Lamine Diack.

Le tribunal a considéré que pour au moins six athlètes russes, les procédures disciplinaires avaient été retardées et que les sportifs avaient dû payer pour bénéficier d’une « protection totale ». La pièce centrale de l’accusation est un virement de 300 000 euros reçu par la marathonienne Lilya Shobukhova, depuis un compte lié à Papa Massata Diack, en guise de remboursement quand elle a finalement été suspendue en 2014. Une note, retrouvée chez l’avocat Habib Cissé, décline d’autres sommes, pour un total évalué par le tribunal à 3,2 millions d’euros, mais l’argent n’a pas été retrouvé et les athlètes russes pas entendus, ce que la défense avait dénoncé.

Les avocats de Lamine Diack avaient réclamé la relaxe, mais espéraient surtout que leur client évite la prison. Dans l’immédiat, Lamine Diack n’en a pas fini avec la justice française. Avec son fils, il est mis en cause dans une seconde enquête à Paris sur des soupçons de corruption dans l’attribution des JO de Rio-2016 et de Tokyo-2020. Lamine Diack sera bientôt entendu dans ce dossier.

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