Les ambitions nucléaires des princes du Golfe inquiètent

Plusieurs pays de la région développent leur capacité nucléaire civile. Et suscitent des inquiétudes sur un éventuel emploi militaire.

Les princes héritiers saoudien, Mohammed Ben Salman (MBS, à gauche), et émirati, Mohammed Ben Zayed (MBZ). © Montage JA

Les princes héritiers saoudien, Mohammed Ben Salman (MBS, à gauche), et émirati, Mohammed Ben Zayed (MBZ). © Montage JA

Publié le 17 septembre 2020 Lecture : 6 minutes.

Depuis le 1er août, le réacteur de Bouchehr, en Iran, n’est plus seul à casser des noyaux d’uranium sur les rives du Golfe. La centrale de Barakah fait de même sur le versant arabique de l’étroite bande d’eau salée, envoyant de l’électricité dans le réseau national des Émirats arabes unis. L’événement aurait presque pu passer inaperçu, noyé dans l’agenda survolté de l’ambitieuse pétromonarchie : envoi d’une sonde spatiale sur mars, le 20 juillet, et surtout, annonce d’une normalisation des relations avec Israël, le 13 août.

Pourtant, tout autant que le coup de boutoir du prince héritier des Émirats Mohammed Ben Zayed dans le mur arabe du refus, la mise en route de la première centrale nucléaire du monde arabe a marqué le passage du Moyen-Orient à une nouvelle ère.

Née d’un partenariat avec la Corée du sud, dont c’est le premier chantier d’exportation, Barakah, qui signifie « bénédiction divine » en arabe, compte quatre réacteurs, dont le premier a été mis en fonction cet été.

Lorsqu’elle sera pleinement opérationnelle, la centrale devrait couvrir 25 % des besoins en électricité du pays. De quoi répondre à une demande énergétique croissante, rediriger les ressources pétrolières vers l’exportation et contribuer aux engagements climatiques, résume Robert Mason, chercheur associé au think tank Arab Gulf States Institute in Washington. « Il s’agit également de se donner une stature scientifique et de créer de l’emploi pour les locaux », précise-t-il.

Risques

Si Rafael Grossi, le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (IAEA), a décrit la mise en route de la centrale émirienne comme une « vraie étape pour le secteur du nucléaire arabe », d’autres voix se sont élevées pour dénoncer les risques. Le Qatar, avec qui les Émirats entretiennent une guerre froide depuis 2017, dénonce « une sérieuse menace pour la stabilité régionale et l’environnement ». Et s’inquiète, entre autres, des conséquences d’une fuite radioactive sur les précieuses usines de dessalement des rives du Golfe.

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