La réélection passera par la relance de l’économie

Publié le 14 janvier 2008 Lecture : 2 minutes.

Feuille de route ou constat d’impuissance ? « Parmi les multiples tâches qui nous attendent dans les mois à venir, la relance de la croissance tient le premier rang. Je dirai à nouveau qu’elle est la clé de la plupart de nos problèmes », déclarait Paul Biya le 31 décembre 2007. La fiscalité, les prix, les investissements, l’élévation du niveau de vie, la fourniture d’énergie, le crédit, la rémunération de la fonction publique sont les chantiers qu’il veut ouvrir. « Aujourd’hui, l’heure est à l’action », a-t-il estimé.
Il est peu probable que le chef de l’État ait convaincu l’ensemble de ses compatriotes. Mais Paul Biya n’a pas le choix. Pour espérer remporter un nouveau mandat, il devra certes faire modifier la Constitution, mais surtout prouver sa capacité à créer les conditions d’une croissance soutenue et d’une augmentation du pouvoir d’achat.
Sacré défi ! De Yaoundé à Douala, une lassitude – à la limite de l’exaspération – est palpable dans un pays habitué à jongler avec les pénuries. Les coupures d’eau et d’électricité sont fréquentes. Dans le secteur du bâtiment, le manque dramatique de ciment a fait exploser le prix du sac de 35 kg à 6 000 F CFA. Soit le double de la valeur annoncée par les autorités, en novembre 2007, après la libéralisation des importations. Il a fallu un arrêté ministériel pour contenir le prix du litre d’huile de palme à 550 F CFA. Et le gouvernement a supprimé des taxes sur certains produits (riz, sel). Sans grand effet. « Les commerçants de détail n’ont pas tous joué le jeu. Certains n’ont pas répercuté les baisses », justifie-t-on à la présidence. Pendant ce temps, les Camerounais souffrent au quotidien : un salaire mensuel moyen de 35 000 F CFA, nombre de ménages vivant avec 15 000 F CFA par mois et la majorité d’entre eux incapables de sortir du secteur informel.
Pourtant, la plupart des indicateurs économiques sont au vert depuis le 28 avril 2006, jour où le pays a atteint le point d’achèvement de l’initiative de réduction de la dette en faveur des pays pauvres très endettés (PTTE renforcé). Passé ce cap, la croissance devait être au rendez-vous. « Elle a décéléré en 2007, passant à 2,9 %, contre 3,2 % en 2006. Les projections optimistes pour 2008 tablent sur un taux de 4 % », a noté André Siaka, le président du groupement interpatronal du Cameroun (Gicam), fin décembre. « Ce n’est pas mal, mais ce n’est pas suffisant pour assurer un véritable décollage économique de notre économie », a admis Paul Biya. Pour de nombreux observateurs, le Cameroun a un potentiel de croissance de 7 % à 8 % par an. C’est compter sans la corruption, les contrôles administratifs pesants, la frilosité des banques, le poids des prélèvements. Autant de freins à la croissance que dénoncent désormais ouvertement les patrons. Place aux actes

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