Laos : pauvres, mais zen

Publié le 14 janvier 2008 Lecture : 2 minutes.

Imaginez l’oasis de Tozeur et les longues avenues de Bamako, les étals de Ouaga, les motos taxis de Cotonou et les costumes de couleur vive des femmes berbères ; ajoutez l’ambiance des pays à parti unique – le Parti révolutionnaire lao, en l’occurrence -, une surveillance policière vigilante, et vous croyez n’avoir jamais quitté le continent africain.
Fallait-il subir les 15 heures d’avion, les attentes interminables dans les aéroports pour visiter cette contrée d’Asie : 6 millions d’habitants, 49 groupes ethniques, 68 % de confession bouddhique ? Je n’ai pas d’autre solution que de prendre mon mal en patience pour aller découvrir la capitale de la République démocratique et populaire du Laos, pays communiste mais désormais ouvert à l’économie de marché.

Juchée sur un tuk-tuk, le taxi local à trois roues, je sillonne Vientiane. La ville a des allures de bourgade provinciale avec ses jardins luxuriants, ses petites échoppes, ses immeubles bas. Pas de disputes dans la rue, pas de coups de klaxon, jamais de bouchons ! Tout est à l’image de ce peuple doux et digne, à la pauvreté zen. Le salaire moyen est de 35 à 55 dollars, mais la nourriture est peu chère (on peut festoyer à 2 ou 3 euros) et les nécessiteux ne meurent pas de faim : il y a toujours une assiette de riz devant la porte des maisons, destinée au passant démuni et surtout aux bonzes, car c’est la population qui pourvoit aux besoins des religieux et entretient les lieux de culte.
Un petit tour au marché du Matin me fait découvrir les merveilleux tissus de ce pays où les femmes sont réputées faire les plus beaux sin (jupes en soie) du monde. Le Laos est également connu pour le travail de l’argent et du bois. Naguère modiques, les prix ont grimpé depuis que les Chinois raflent tout, plantes naturelles, tissus et bois. Le pays laisse faire, misant sur sa vocation de « pont commercial » entre ses voisins asiatiques. Son autre ambition est de devenir « la pile de l’Asie », grâce au barrage de Nam Theun 2, dont la mise en exploitation est prévue pour 2009. Douze ans auront été nécessaires pour démarrer ce projet en raison de la contestation des paysans et des ONG, les premiers refusant d’être déplacés, les seconds craignant pour la disparition des éléphants sauvages.
Car une autre ressource du Laos est le tourisme dit culturel et environnemental – pas question ici de tour-opérateurs sexuels, comme en Thaïlande. En moins de quinze ans, le nombre des visiteurs étrangers est passé de 100 000 à 1,3 million (chiffres de 2006).

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Je me rends compte que la principale découverte à faire dans ce pays, où il est difficile de communiquer – les Laotiens parlent exclusivement le lao -, ce sont les temples. Profitant des festivités du Pha That-Luang, du nom du plus grand édifice religieux de Vientiane, je me joins à des centaines de femmes et d’enfants chargés de cadeaux, cierges et colliers en fleurs, tournant sept fois autour de la kaaba locale. Contrairement au monde musulman, ici, vous pouvez entrer dans les lieux de culte, vous mêler aux religieux, les filmer en prières, personne ne vous dira jamais rien. Alors, partir pour le Laos en vue d’une retraite spirituelle ? Pourquoi pas !

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