Jeannette Kagamé, première dame à part

Pragmatique et discrète, l’épouse du chef de l’État mène depuis de nombreuses années ?un combat en faveur des malades du sida. Loin des arcanes du pouvoir.

Publié le 14 janvier 2008 Lecture : 2 minutes.

Kigali, 26 décembre 2007. Quelque 250 jeunes Rwandaises participent au lancement de la Fondation Imbuto (« fruit, semence, récolte » en kinyarwanda), que préside l’épouse du chef de l’État, Jeannette Kagamé. Une chanteuse égaie l’assistance. Vêtue d’un polo rose et d’un pantalon foncé, la première dame, sans se faire prier, monte sur le podium et, au milieu d’autres femmes, montre ses talents de danseuse. Le soir, alors qu’on récompense la réussite de sept femmes, elle ne peut retenir ses larmes en entendant le récit poignant de certains parcours. Ainsi est Jeannette Kagamé : un mélange de spontanéité, de sensibilité, de naturel. « Ce qui la distingue, dit une de ses proches, ce n’est pas sa position, mais sa grande modestie. »
Jeannette Nyiramongi, de son nom de jeune fille, est née en août 1962 au Burundi, de parents rwandais tutsis exilés. La fratrie compte sept enfants. Le père est un commerçant qui tient un restaurant à l’aéroport de Bujumbura. En 1983, Jeannette gagne le Kenya pour y suivre des études supérieures à Nairobi et travailler dans la succursale de l’entreprise française Spie Batignolles. En 1988, elle y rencontre Paul Kagamé, alors chef du renseignement militaire en Ouganda. Et l’épouse l’année suivante à Kampala. Quand le Front patriotique rwandais (FPR) lance sa première attaque contre le régime du président Juvénal Habyarimana, en 1990, elle part rejoindre sa belle-sur en Belgique, mais revient de temps à autre en Ouganda.
En 1994, à la fin de la guerre, elle arrive au Rwanda. Sa priorité : l’action sociale à travers les associations. Deux ans après, elle fonde et dirige une école privée, Green Hills Academy. Située à Nyarutarama, un quartier de Kigali, l’établissement accueille aujourd’hui quelque 900 élèves, de la maternelle à la terminale, issus des milieux plutôt favorisés. Les enfants Kagamé, trois garçons et une fille, y sont également scolarisés. Devenue première dame en avril 2000, Jeannette met l’accent sur l’aide aux personnes atteintes du sida et organise, en mai 2001, un sommet réunissant ses homologues du continent, qui donne naissance au projet Protection et soin des familles contre le sida (Pacfa).
Des portes s’ouvrent, des partenaires accourent. Résultat : en décembre 2007, le Pacfa se transforme en fondation. Après avoir présidé, de 2004 à 2006, l’Organisation des premières dames d’Afrique contre le VIH/sida, madame Kagamé vient d’être nommée haute représentante du Programme africain de vaccin contre le sida (AAVP). Et d’obtenir, en tant qu’étudiante, une licence en gestion au Kigali Institute of Science, Technology and Management (Kist) tout en préparant, à distance, une maîtrise en finance dans une université étrangère.
Mais la première dame exerce-t-elle une influence politique ? Elle s’en défend, mettant en avant le fait qu’elle n’est pas une élue. Ses biens ? Une ferme d’une quarantaine d’hectares, « unique propriété familiale », au bord du lac Muhazi (est du pays) ; l’école privée « où des bourses sont attribuées à des élèves assez brillants mais démunis ». Pour le reste, elle incite les Rwandaises à réussir leur vie de mère, d’épouse et leur carrière professionnelle avec, en tête, cette devise : « Le ciel est la seule limite à l’ambition. »

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