Bill Gates

Fondateur de la société de solutions informatiques Microsoft

Publié le 14 janvier 2008 Lecture : 3 minutes.

« Il n’aurait certainement pas fait tout cela sans sa maman », c’est ce qu’on vous dit sur la colline arborée du campus de l’Université de Washington, à Seattle, sur la côte pacifique des États-Unis, berceau fleuri de la famille Gates. Ici, plus que du papa, un avocat d’affaires, chacun se souvient encore de l’enseignante Mary Gates – également présidente d’un réseau philanthropique de banques et d’entreprises -, catholique comme on sait l’être dans l’Amérique profonde et mère de trois enfants. Avant d’être emportée par un cancer, en 1994, elle eut encore le temps de bénir l’union de son grand Bill (il était déjà dans sa quarantième année) et de la belle Melinda French, un des meilleurs éléments de sa boîte. Mary adressa à sa belle-fille, en guise de dernières volontés, une lettre dont le couple aime toujours à rappeler – via un service de presse particulièrement directif – le message. Soit, en substance : « Si vous possédez beaucoup, on attendra beaucoup de vous. »
Il semble que ces mots aient fait leur chemin dans la tête de celui qui, en 1975, avait sacrifié ses études pour fonder la société Microsoft, avec son copain Paul Allen, dans un garage d’Albuquerque. La conviction partagée par les deux jeunes gens que l’ordinateur personnel allait changer le monde ne leur a pas apporté que des satisfactions intellectuelles : William Henry Gates III – Bill, pour des millions d’intimes – est aujourd’hui médaille d’or des hommes les plus riches du monde avec un patrimoine estimé à plus de 50 milliards de dollars.

On sait que malgré ses airs d’adolescent en goguette (chemise ouverte sous un pull à col rond, pantalons clairs, tignasse indocile et lunettes d’étudiant auxquels répondent le « haut » violet, la jupe beige et les sandalettes de Melinda), il lui a fallu mettre le paquet pour en arriver là. Nous n’aurons pas l’indécence de revenir sur les épisodes les plus contestés de sa conquête d’un aussi fabuleux trésor de guerre dans un monde global où les (très) gros bonnets ne se font pas de cadeaux. Nous laisserons ce soin aux adversaires de Bill Gates, qu’il s’agisse des blogueurs chinois censurés par Microsoft, main dans la main avec la police de Pékin, des « hackers » harcelés par l’armée des avocats qui protègent les brevets de la firme, de ses rivaux d’Apple livrés à la rude poigne de sa milice ou, tout récemment encore, des fonctionnaires américains essayant de plier les systèmes d’exploitation Windows – fils prodigues de Microsoft – à la loi antitrust D’autant qu’aujourd’hui ce n’est plus de l’implacable croissance du monstre de l’informatique qu’il est question, mais de sa conversion en une machine à faire le bien : Bill a écouté maman, et tient à nous le faire savoir.
En janvier 2000, il avait créé la fondation BMG (Bill et Melinda Gates), fruit de la fusion d’institutions déjà rodées au profit des bibliothèques publiques (généreusement dotées d’ordinateurs !) et de la santé dans le monde (un voyage de Bill en Afrique lui avait ouvert les yeux, à 38 ans, sur les conséquences sanitaires dramatiques des inégalités sociales dans les pays du Sud). Une petite entreprise de trois cents personnes qui dépense chaque année 1 milliard de dollars – soit légèrement plus que l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dans le cadre de l’ONU -, ce qui en fait l’institution caritative la plus importante du monde ! Pour confirmer le dicton bien connu selon lequel on ne prête, le milliardaire Warren Buffett, qui talonne Bill au palmarès de Forbes, est venu, en 2006, apporter son obole à la Fondation Gates, soit pas moins de 31 milliards de dollars qui devront être progressivement – et intégralement – distribués.
À cette échelle, on comprend que la vertu ne soit plus un simple hobby et qu’elle mérite un « full-time job ». C’est ce que Bill est venu annoncer sur le podium du CES (Salon de l’électronique grand public et du multimédia) de Las Vegas, où il a coutume d’aligner pitreries, prophéties et nouvelles de sa multinationale. Le 8 janvier, juste après la clôture de Wall Street, guitare à la main, Bill a confirmé qu’il abandonnerait le 1er juillet 2008 ses fonctions opérationnelles dans le groupe dont il reste le président, afin de se consacrer totalement à la distribution du colossal budget mis par lui-même à la disposition de ses missions caritatives. Décidément, aux États-Unis, on n’en a pas fini avec les régimes spéciaux de retraite

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