Accusés, levez-vous !

Publié le 14 janvier 2008 Lecture : 2 minutes.

Taylor Charles, 59 ans, ex-dictateur libérien, premier chef d’État africain (et deuxième au monde après le Serbe Milosevic) à être jugé devant une Cour internationale (lire p. 36) L’événement est historique et capital pour nous tous. Qui aurait imaginé cela il y a encore quelques années ? Ils sont aujourd’hui une bonne dizaine d’anciens autocrates, selon le recensement qu’en fait notre confrère The Economist dans sa dernière livraison, à être ainsi traduits devant la justice des hommes pour corruption, violation des droits humains – et, comme les deux vont de pair, le plus souvent pour ces deux motifs à la fois. En Amérique latine : le Péruvien Fujimori, le Surinamien Bouterse, l’Uruguayen Bordaberry, en attendant que soit extradée d’Espagne la seule femme du lot : María Estela Perón, ex-présidente d’Argentine, accusée d’avoir couvert la disparition de centaines d’opposants. En Amérique centrale : le Panaméen Noriega, qui, après dix-sept ans passés dans les geôles américaines, devrait bientôt être condamné en France pour d’autres chefs. En Asie : l’ancien président khmer rouge Khieu Sampan du Cambodge et le général indonésien kleptocrate Suharto, 86 ans, 1 milliard et demi de dollars de détournements à son actif, que seule la mort pourrait soustraire à la prison. En Afrique : le Tchadien Hissein Habré, qu’une cour spéciale de Dakar est en principe chargée de juger, brisant enfin cette omerta qui a trop longtemps lié entre eux les dirigeants du continent.
Face à la perspective d’être ainsi rendus comptables (et éventuellement déclarés coupables) de leurs actes, les chefs d’État en exercice n’ont que deux options. Celle du pouvoir vertueux – on ne saurait trop la leur recommander. Et celle qui consiste à mourir au pouvoir. Cette seconde possibilité ne signifie évidemment pas que tous ceux qui, en Afrique, modifient les Constitutions pour se maintenir indéfiniment au sommet aient des turpitudes à cacher (lire p. 33). Mais force est d’admettre qu’ils ne se reconnaissent qu’un seul tribunal – celui de la postérité – et un seul juge : Dieu. Qu’on nous pardonne à nous, simples mortels et premiers concernés par la bonne ou la mauvaise gouvernance de nos chefs, de nous en préoccuper, sans attendre que l’Histoire délivre son verdict.

Retrouvez François Soudan sur son blog « Courriers Sud » (http://soudan.blog.jeuneafrique.com)

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires