Hajooj Kuka emprisonné : un élan international exige la libération du réalisateur soudanais

Artistes, festivals, cinéphiles s’élèvent contre la mise en détention du cinéaste sur la base de « fausses accusations » portées par des extrémistes religieux.

Le réalisateur soudanais Hajooj Kuka, en mars 2018 à Doha. DOHA, QATAR – MARCH 13:  Director Hajooj Kuka during the Project Feedback working breakfast session on day five of Qumra, the fourth edition of the industry event by the Doha Film Institute dedicated to the development of emerging filmmakers on March 13, 2018 in Doha, Qatar. 
© Eamonn M. McCormack/Getty Images for Doha Film Institute

Le réalisateur soudanais Hajooj Kuka, en mars 2018 à Doha. DOHA, QATAR – MARCH 13: Director Hajooj Kuka during the Project Feedback working breakfast session on day five of Qumra, the fourth edition of the industry event by the Doha Film Institute dedicated to the development of emerging filmmakers on March 13, 2018 in Doha, Qatar. © Eamonn M. McCormack/Getty Images for Doha Film Institute

leo_pajon

Publié le 22 septembre 2020 Lecture : 2 minutes.

Le message audio d’Hajooj Kuka, depuis sa prison à Karthoum le 21 septembre, a rassuré beaucoup de monde. Le réalisateur s’enthousiasmait du « formidable élan de solidarité » ayant conduit ses geôliers à le traiter moins brutalement, et espérait que le rayonnement international de l’affaire allait créer un tournant pour les artistes et activistes au Soudan.

L’affaire justement, telle qu’elle a été rapportée par plusieurs organisations non gouvernementales, est à peine croyable. Le 10 août dernier, vers 17 heures, des voisins du Civic Lab, un lieu où Hajooj Kuka travaillait avec d’autres artistes, commencent à se plaindre du bruit des répétitions. L’équipe en place baisse le son, mais les voisins ne partent pas. Ils s’en prennent même physiquement à l’une des femmes travaillant au Civic Lab, Duaa Tarig Mohamed Ahmed. Lorsque la police arrive sur les lieux… ce sont les artistes qui sont arrêtés ! On leur interdit de voir un docteur, et Duaa est même giflée jusqu’à ce qu’elle s’évanouisse.

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Après un simulacre de procès, durant lequel les artistes arrêtés n’ont pas pu produire de témoins, la peine est extrêmement sévère : 5 000 livres soudanaises (l’équivalent de 77 euros) mais surtout deux mois de prison pour Hajooj Kuka et quatre autres artistes.

Mouvement de solidarité

Le début de l’incarcération, le 18 septembre, a été une nouvelle étape cauchemardesque. Dans son message audio, Hajooj Kuka raconte qu’on lui a rasé ses dreadlocks, et qu’il a plusieurs fois été battu, de même que d’autres membres de son équipe. Mais un mouvement de solidarité puissant, à l’intérieur de la prison, et à l’extérieur, a permis à l’équipe d’être traitée de façon plus humaine et de ne pas être déplacée dans un autre lieu de détention où le calvaire se serait prolongé.

Hajooj Kuka, qui a intégré cette année l’Académie des Oscars, a été soutenu par de nombreux festivals et institutions, comme le Toronto International Film Festival, qui a programmé deux films du cinéaste (le documentaire Beats of the Antonov et la fiction aKasha). Un hashtag (#ReleaseTheArtistsSudan) et une pétition sur change.org ont aussi donné plus de visibilité à l’incarcération des artistes.

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Pour Hajooj Kuka, l’élément déclencheur ayant provoqué l’ire des voisins du Civic Lab, des extrémistes religieux, est la présence de femmes dans l’équipe. Le fondamentalisme islamique bénéficie encore de relais puissants dans la police et l’administration judiciaire.

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