Cameroun : face au déploiement de force sécuritaire, Maurice Kamto peine à mobiliser contre Paul Biya

Marquée par des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre à Douala, la journée de manifestations lancée par Maurice Kamto pour réclamer le départ de Paul Biya a peu mobilisé.

Maurice Kamto, le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC). © Site du MRC

Maurice Kamto, le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC). © Site du MRC

Publié le 23 septembre 2020 Lecture : 3 minutes.

Au terme d’une journée tendue, qui aura vu quelques centaines de personnes braver l’interdiction de manifester édictée par les autorités, notamment Douala, Maurice Kamto, qui appelait à un vaste mouvement pour réclamer le départ de Paul Biya, ne sera pas parvenu à déclencher le mouvement de masse que les autorités redoutaient.

« L’échec de ces marches entérine définitivement la mort de Maurice Kamto », a même asséné l’éditorialiste proche du pouvoir Jean Atangana sur les ondes de la radio nationale. En face, l’analyse est, sans surprise, aux antipodes. « L’objectif des marches n’était pas de renverser immédiatement le régime de Paul Biya. Le but était de garder l’initiative d’actions sur le terrain, de faire paniquer et reculer le régime », assure ainsi Jean-Michel Nintcheu, du Social Democratic Front (SDF) dans un message publié sur les réseaux sociaux. Le but était de garder l’initiative d’actions sur le terrain, de faire paniquer et reculer le régime. »

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Appel à de nouvelles marches

Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), le parti de Maurice Kamto, tout en demandant la « libération immédiate des personnes interpellées en plein exercice de leurs droits constitutionnels », insiste pour sa part sur le fait que cette marche n’était que la première d’une série de manifestations. Et que les appels à la mobilisation ne cesseront que si les conditions posées par l’opposition avant tout scrutin sont remplies, à savoir la fin de la crise dans la partie anglophone et la modification consensuelle du code électoral.

« Une force puissante s’est levée ce 22 septembre. Elle doit continuer jusqu’à l’atteinte du but qu’elle poursuit, a indiqué Maurice Kamto. Faute de quoi, les marches pacifiques se poursuivront, pour appeler au départ de Paul Biya et de son régime ».

Affrontements à Douala

Dès l’aube, mardi, un impressionnant dispositif de sécurité avait été déployé à Yaoundé et Douala. Aux alentours de 2 h du matin, l’arrivée de policiers cagoulés et de gendarmes à proximité du domicile de leader du MRC, dans le 1er arrondissement de Yaoundé, a déclenché les premières échauffourées de la journée entre les forces de sécurité et les partisans de Kamto, qui s’étaient massés près de sa résidence pour empêcher son éventuelle arrestation. Une dizaine de personnes ont été interpellées, parmi lesquelles Alain Fogue, le trésorier du MRC, et un journaliste qui couvrait l’évènement.

Au levé du jour, un calme inhabituel régnait dans Douala et Yaoundé , dont les rues étaient désertes. C’est la capitale économique, réputée frondeuse, qui a donné le coup d’envoi des marches. Autour de 10 h, les manifestants se sont retrouvés au lieu dit Ndokoti, l’un des plus grands carrefours de Douala. Le cortège de quelques centaines de personnes a ensuite pris la direction du carrefour BP Cité, scandant des « Paul Biya doit partir », avant que les forces de sécurité n’interviennent, noyant les lieux dans un nuage de gaz lacrymogènes et utilisant des canons à eau.

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C’est un scénario identique qui s’est déroulé à la Cité-sic, ainsi qu’à Bonaberi, dans le 4e arrondissement de Douala, où des commerces sont restés fermés toute la journée.

De nombreuses arrestations

A Yaoundé, vers 15h30,  un véhicule blindé anti-émeute de la police s’est positionné devant la résidence de Maurice Kamto, située dans le quartier chic de Santa Barbara, déjà encerclé depuis bientôt une semaine par un impressionnant dispositif sécuritaire. Maurice Kamto est « maintenu en résidence surveillée de fait », a alors dénoncé Christopher Ndong, le secrétaire général du MRC, dans un communiqué.

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Son porte-parole, Olivier Bibou Nissack, a quant à lui été interpellé après avoir tenté de quitter son domicile pour rejoindre les manifestants. Selon le MRC, une personne aurait été tuée lors des affrontements, et plus de 100 personnes ont été interpelées, dont 4 journalistes qui, depuis, ont été libérés. Un bilan que les autorités n’ont pas confirmé.

Si la situation a été tendue à Douala et Yaoundé, les manifestations se déroulées de manière pacifique dans les villes de la région de l’Ouest. A Baham, Bafang, Dshang ou encore Banka, des dizaines de manifestants ont marché pour demander le départ de Paul Biya, encadrés par des éléments de la police et de la gendarmerie. Bien qu’il n’y ait eu aucun heurts, les forces de sécurité ont procédé à des interpellations, notamment à Baham, le village d’origine de Maurice Kamto.

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