Quand Mechaal découvre le pragmatisme

Publié le 15 janvier 2007 Lecture : 2 minutes.

« Israël est une réalité » « Il restera un État appelé Israël » En eux-mêmes, de tels propos n’ont rien d’extraordinaire : ce sont des vérités d’évidence. Mais dans la bouche de Khaled Mechaal, ils prennent une réelle portée politique et ne sont pas loin de constituer un événement. Le leader du Hamas s’exprimait dans une interview à l’agence Reuters diffusée le 10 janvier. L’État palestinien qu’il appelle de ses vux et qui fait l’objet d’un consensus « arabe et palestinien » se situe à l’intérieur des « frontières de 1967 ». Il n’est pas question pour le moment d’une reconnaissance formelle d’Israël, mais celle-ci n’est plus exclue. Elle devrait intervenir en temps voulu entre deux États souverains.
Les dirigeants du Hamas, à commencer par le Premier ministre Ismaïl Haniyeh, ont déjà tenu des discours « modérés » ou pragmatiques. Mais c’est l’importance de Mechaal dans la galaxie palestinienne et le contexte politique qui donnent toute son importance à l’interview. Mechaal, qui a échappé à une tentative d’assassinat organisée par le Mossad (à Amman, en septembre 1997), passe en effet pour le chef de l’aile dure du mouvement islamiste. On le dit très proche du Hezbollah libanais, de la Syrie, où il a installé son quartier général, et de l’Iran de Mahmoud Ahmadinejad.
Par ailleurs, la situation depuis la victoire électorale du Hamas est intenable dans les Territoires palestiniens. Au motif qu’il ne reconnaît pas Israël, le gouvernement qu’il dirige est boycotté par le Quartet (États-Unis, Europe, Russie, ONU) et privé de ressources financières. Toutes les tentatives de compromis entreprises par Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, ont échoué. Pour sortir de l’impasse, le leader du Fatah a décidé d’organiser des élections anticipées. Ce qui a mis le feu aux poudres et déclenché des affrontements fratricides dans les Territoires.
Or les déclarations de Mechaal sont de nature à favoriser une sortie de crise et la formation d’un gouvernement d’union nationale ou de technocrates. À l’issue de leur rencontre, au Caire, le 10 janvier, le président égyptien et le roi de Jordanie ont insisté sur l’urgence d’une telle solution. Depuis les geôles israéliennes où ils sont détenus, Marwane Barghouti et ses compagnons de tous bords ont lancé un appel dans le même sens en menaçant d’entamer une grève de la faim.
Pendant ce temps, le gouvernement israélien est aux abonnés absents. Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères n’a rien vu de nouveau dans les propos de Mechaal, à qui il continue de reprocher d’avoir voulu, dans le passé, « effacer Israël de la carte ». Quant à Ehoud Olmert, il a d’autres chats à fouetter. Impliquée dans un scandale – un de plus -, sa directrice de cabinet a été empêchée de quitter le territoire. Et la police attendait le retour du Premier ministre de son voyage officiel en Chine pour l’interroger.

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