[Tribune] Pourquoi Djibouti aurait mérité sa place au conseil de sécurité de l’ONU

Si Djibouti ne représentera finalement pas l’Afrique au Conseil de sécurité de l’ONU cette année, force est de constater que le pays a réussi à se forger une place sur la scène diplomatique internationale.

Le président de Djibouti, Ismaïl Omar Guelleh, lors de l’assemblée générale de l’ONU, le 24 septembre 2020. © UN Photo/Evan Schneider

Le président de Djibouti, Ismaïl Omar Guelleh, lors de l’assemblée générale de l’ONU, le 24 septembre 2020. © UN Photo/Evan Schneider

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  • Olivier Caslin

    Spécialiste des transports et des questions économiques multilatérales. Il suit également l’actualité du Burundi, de Djibouti et de Maurice.

Publié le 2 octobre 2020 Lecture : 2 minutes.

Djibouti croyait bien faire son retour au Conseil de sécurité des Nations unies cette année. Au mois de juin, l’Assemblée générale onusienne en a pourtant décidé tout autrement, en désignant le Kenya comme membre non permanent représentant de l’Afrique pour la période 2021-2022… Une décision encore difficile à digérer pour les autorités djiboutiennes, qui n’en restent pas moins diplomates lorsqu’elles abordent aujourd’hui le sujet.

Le pays a certes déjà siégé au Conseil au début des années 1990, mais il estimait avoir assez attendu au regard de l’intense travail mené depuis par sa diplomatie. La réélection de Djibouti à New York eût été en quelque sorte une reconnaissance de son implication dans la lutte contre le terrorisme international et contre la piraterie dans le détroit, ô combien stratégique, de Bab-al-Mandeb, ainsi que dans le processus de négociation en cours en Somalie, ou encore dans la participation de ses forces armées à plusieurs opérations de maintien de la paix sous mandat onusien.

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« Diplomatie de géant »

Force est de reconnaître que, en quarante-trois ans d’indépendance, Djibouti a réussi à se forger une place à part sur la scène diplomatique internationale, sans rapport avec sa petite superficie ni avec la taille de sa population de 1 million d’habitants.

Un statut qu’elle doit sans doute aux premières heures de son existence, lorsque, confronté aux convoitises de ses puissants voisins somaliens et éthiopiens, le président Hassan Gouled Aptidon n’eut d’autre choix que de courir les cénacles internationaux pour tisser les liens diplomatiques qui garantiraient la survie du pays dont il avait la charge. Ainsi, quelques jours seulement après sa naissance, la jeune République adhérait déjà à l’Organisation de l’unité africaine (OUA) et à la Ligue arabe.

La présence aujourd’hui de nombreux contingents militaires sur son territoire et les solides relations entretenues avec des partenaires aussi incontournables dans la région que l’Éthiopie et la Chine suivent la même logique et perpétuent la tradition d’ouverture de Djibouti. « Une diplomatie de géant », selon Sonia Le Gouriellec, universitaire française qui a fait de cette formule le titre du livre qu’elle vient de consacrer à la politique étrangère djiboutienne depuis ses origines jusqu’à nos jours (Djibouti. La diplomatie de géant d’un petit État, Presses universitaires du Septentrion, juin 2020).

L’occasion de rappeler le rôle unique joué historiquement par le pays dans un contexte régional mouvementé… Et qu’une désignation au Conseil de sécurité serait justement venue récompenser.

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