Crimes contre l’humanité au Soudan : BNP Paribas visée par une enquête en France
Des ONG et neuf militants soudanais accusent la banque d’avoir contribué à maintenir en place le régime d’Omar el-Béchir et pointe sa responsabilité dans les crimes commis au Darfour.
Des ONG ont récemment obtenu l’ouverture d’une enquête en France visant la banque française BNP Paribas, accusée de « complicité de crimes contre l’humanité » au Soudan, a annoncé jeudi la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH).
Cette information judiciaire a été ouverte le 26 août au tribunal de Paris pour « complicité de crimes contre l’humanité, de génocide et d’actes de torture et de barbarie », près d’un an après le dépôt d’une plainte avec constitution de partie civile par la FIDH, la Ligue des droits de l’homme (LDH) et neuf militants soudanais, a confirmé une source judiciaire.
Guerre civile au Darfour
Lors du dépôt de plainte, les ONG et les victimes soudanaises reprochaient à BNP Paribas les transactions bancaires effectuées entre le gouvernement soudanais et la banque, de 2002 à 2008. La banque se serait alors rendue complice des crimes commis par le régime d’Omar el-Béchir, le président déchu en 2019, en particulier au Darfour, région déchirée par une guerre civile qui a fait plus de 300 000 morts, selon l’ONU.
L’objectif des plaignants est, notamment, d’avoir accès aux informations détenues par la justice américaine, qui a condamné la BNP à une amende record de 8,9 milliards de dollars en juin 2014 pour avoir violé l’embargo des États-Unis contre le Soudan.
BNP Paribas, première banque européenne, est déjà visée par une enquête pour « complicité de crimes contre l’humanité » lors du génocide des Tutsi au Rwanda. Sherpa, le Collectif des parties civiles pour le Rwanda et Ibuka France avaient déposé plainte, en juin 2017, pour « complicité de génocide, complicités de crimes de guerre et de complicité de crimes contre l’humanité » en permettant, en plein génocide, le financement de l’achat d’un important stock d’armes par le gouvernement rwandais, alors qu’un embargo avait été décrété par les Nations unies le 17 mai 1994.
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