Faustin-Archange Touadéra annonce sa candidature à la présidentielle centrafricaine
Le président de la Centrafrique, Faustin-Archange Touadéra, a annoncé samedi sa candidature à l’élection présidentielle prévue le 27 décembre.
« C’est une lourde responsabilité. Une très lourde responsabilité. J’accepte d’être votre candidat », a déclaré le chef de l’État, élu en février 2016 et dont la candidature n’est pas une surprise, devant les membres de son parti, le Mouvement Coeurs unis (MCU), réunis en congrès dans la capitale Bangui.
Plus de 7 ans après le coup d’État d’une coalition de groupes armés à majorité musulmane, la Séléka, qui a renversé le président François Bozizé en 2013, le premier tour des élections présidentielle et législatives est prévu pour le 27 décembre, mais l’incertitude prévaut aujourd’hui quant à la possibilité de les tenir dans ce délai, des retards importants s’étant fait jour dans leur organisation, notamment l’enregistrement des électeurs.
Faustin-Archange Touadéra, 63 ans, a été élu en février 2016 avec 62,71% des suffrages, déjà sur un territoire largement aux mains de milices rebelles et théâtre d’exactions meurtrières. Ce sera encore le cas en décembre, malgré la signature en février 2019 d’un accord de paix entre les 14 principaux groupes armés rebelles et le gouvernement.
Le principal rival de Faustin-Archange Touadéra devrait être, cette fois, François Bozizé, de retour depuis un an dans le pays, si sa candidature est validée.
Importants retards
La fin de l’enregistrement des électeurs était prévue le 27 septembre mais, face à d’importants retards, l’Assemblée nationale, dominée par la majorité de Faustin Archange Touadéra, a voté jeudi une extension de ce délai au 8 octobre. Cette réforme du code électoral de toute dernière minute doit cependant encore être validée par la Cour constitutionnelle.
« Les élections législatives et présidentielle se tiendront le 27 décembre 2020 conformément à la Constitution du 30 mars 2016 », a martelé samedi Faustin-Archange Touadéra, dont le camp tient absolument à tenir ce délai, face à une opposition qui plaide en partie pour un report du scrutin.
Car la Cour constitutionnelle a exclu toute prolongation du mandat de Faustin-Archange Touadéra au-delà de son terme, le 30 mars 2021, et, si l’élection ne pouvait avoir lieu à la date prévue, la juridiction suprême a évoqué la nécessité d’une « concertation nationale » incluant l’opposition pour décider de la suite des évènements. Autant dire la mise en place d’un gouvernement de transition.
La question est aussi de savoir si on peut tenir des élections crédibles dans un pays encore aux deux tiers aux mains de groupes armés rebelles, qui risquent de monnayer au prix fort leur soutien aux candidats ou d’empêcher le vote sur de larges portions du territoire.
Milices et crimes de guerre
Un an et demi après la signature de l’accord de paix de Khartoum en février 2019, les civils sont toujours en proie aux exactions et crimes des miliciens, malgré la présence de Casques bleus de la Minusca, la mission des Nations unies en Centrafrique : cette force multinationale n’a jamais pu empêcher les milices de sévir sur la majorité du territoire.
Malgré un bilan très critiqué dans un pays toujours affligé par la corruption, Faustin-Archange Touadéra peut se prévaloir de quelques réalisations, grâce au financement et à l’assistance de partenaires internationaux : la reconstruction, même laborieuse, de l’armée centrafricaine disloquée par la crise de 2013, le désarmement de plusieurs milices, mais de faible envergure, ainsi que des investissements dans le secteur de l’agriculture et de l’éducation.
François Bozizé, lui, a été placé sous sanctions de l’ONU pour son soutien présumé aux milices chrétiennes antibalaka, créées pour combattre la Séléka après le coup d’Etat de 2013. Milices qui, tout comme la Séléka, ont été accusées de crimes de guerre en 2015 par les Nations unies.
Une dizaine d’autres candidats se sont déjà déclarés pour la présidentielle, dont Anicet Georges Dologuélé et Martin Ziguélé, deux anciens Premiers ministres, ainsi que Catherine Samba-Panza, présidente de la République de transition de 2014 à 2016.
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